La tendance est assez alarmante pour être soulignée. La section A représentant les titulaires d’officine au sein du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) est la seule section qui subit un recul de ses inscrits. Elle en a perdu 2,2 % en un an, 10,7 % en une décennie. La disparition de plus de 2000 officines n’est pas étrangère à ce phénomène que n’ont pu endiguer ni les regroupements, ni l’exercice en association. Ils étaient 317 de moins par rapport à 2022, soit 24 596 pharmaciens à exercer en tant que titulaires en 2023. S’ils restent les doyens au sein de tous les métiers de la pharmacie avec un âge moyen de 49,2 ans, les hommes sont comparativement plus représentés parmi eux que dans l’ensemble du secteur pharmaceutique : 44,1 % des inscrits de la section A contre 32 % des inscrits à l’Ordre.
L’intérim à la hausse
Moins nombreux, les titulaires encaissent aussi le poids des ans. 48,5 % d’entre eux ont 50 ans et plus. 21 % ont même aujourd’hui 60 ans et plus alors que cette tranche d’âge n’atteignait que 14,9 % en 2013. C’est dire si la relève semble impérative. Bonne nouvelle, elle semble se confirmer parmi les moins de 40 ans, puisque ceux-ci représentent désormais 22,8 % des inscrits en section A, contre 18,8 %, il y a dix ans. Ces jeunes sont principalement installés dans les Hauts-de-France, en Normandie, en Alsace et en Moselle, mais aussi dans les Hautes-Alpes et en Corse, deux départements où ils représentent plus d’un tiers (35 %) des titulaires. «50 % des 1 101 passages en section A en 2023 étaient effectués par des pharmaciens de moins de 35 ans. 97,5 % de ces passages font suite à une titularisation d’adjoints », analyse l’Ordre.
De fait, la section D (adjoints) constitue le principal vivier de titulaires. Et par conséquent le principal levier de la relève. La moitié des adjoints passés titulaires en 2023 avait moins de 35 ans. Collaborateur précieux, l’adjoint doit donc être aussi considéré par le titulaire comme un potentiel successeur. Car 30 % des adjoints ont moins de 36 ans. Ils semblent aujourd’hui plus mobiles qu’autrefois, 31 % exerçant dans une autre région que celle où ils ont obtenu leur diplôme. « Ce pourcentage peut descendre jusqu’à 14 % dans la région Grand Est. La mobilité territoriale des pharmaciens adjoints est la plus forte en Bretagne (47 %) », relève l’Ordre.
Reste à fidéliser cette profession de plus en plus tentée par l’intérim. Celui-ci a augmenté de 16 % entre 2022 et 2023, concernant des pharmaciens de moins de 36 ans dans 27 % des cas. L’attractivité reste, par conséquent, le maître mot sur un marché du recrutement qui demeure tendu. Alors que les départements des littoraux emploient le plus d’adjoints, 1,56 par officine contre 1, 5 en moyenne nationale, certains territoires sont à la peine. C’est le cas de plusieurs départements du Centre-Val-de-Loire, de la Nouvelle-Aquitaine ou encore du Grand Est où l’officine emploie en moyenne moins de 1,15 adjoint. Un déficit qui, immanquablement, limitera les opportunités à transmettre, une fois l’heure venue.
Ces titulaires qui redeviennent adjoints
Surprenant il y a encore quelques années, le mouvement s’ancre désormais dans le paysage. Celui des titulaires qui cèdent leur officine mais restent derrière le comptoir en tant qu’adjoint. « Sur les 342 passages de la section A vers d’autres sections, en augmentation de 8,9 % par rapport à 2022, 97,5 % concernaient des mouvements vers la section D », note l’Ordre. Ces titulaires, dont la majorité à plus de 45 ans, sont 32 % plus nombreux qu’il y a dix ans à franchir ce pas. Soit parce qu’ils souhaitent retarder leur départ à la retraite, soit parce qu’ils optent pour le cumul emploi-retraite. De manière générale, les pharmaciens exercent de plus en plus longtemps. En 2023, 6 % des inscrits à l’Ordre ont 66 ans et plus contre 3 %, dix ans auparavant.
M. B.
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