UNE BAISSE historique. Depuis plusieurs années, l’économie de l’officine se dégrade. Mais l’année 2012 marque un tournant : pour la première fois, le chiffre d’affaires du réseau recule. Du jamais vu. Et 2013 ne s’annonce pas mieux. Car le nouveau mode de rémunération, censé contrer la spirale infernale des baisses des prix et des volumes, n’est toujours pas en place. L’avenant relatif à l’introduction d’une part d’honoraires devait, en effet, être conclu avant le 31 décembre 2012. Or, aujourd’hui, rien n’est bouclé. Les syndicats d’officinaux attendent maintenant la réunion du 10 octobre avec l’assurance-maladie pour savoir si la question sera enfin tranchée ou non. En attendant, rien ne va plus. « La situation est inquiétante car les effets des systèmes compensatoires prévus par la convention pour assurer la transition avec la nouvelle rémunération s’estompent », explique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « L’accord générique pour 2013 est le seul moyen à très court terme de permettre la stabilité de l’économie de l’officine », estime pour sa part Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
L’honoraire mal perçu.
De leur côté, les pharmaciens ont parfois l’impression d’être obligés de naviguer à vue. Ce qui est d’autant moins facile que la tempête qu’ils doivent affronter est particulièrement violente. Pis, certaines propositions émises par les instances nationales pour les sortir de l’ornière sont loin de les convaincre. Ainsi, selon une enquête de la société Call Medi Call et présentée mardi à l’occasion de la Journée de l’économie de l’officine organisée par « le Quotidien », près de 6 pharmaciens sur 10 estiment que l’instauration d’honoraires de dispensation n’est pas de nature à aider les officines à sortir de la crise (toutefois, près d’un tiers pense le contraire). S’ils étaient néanmoins mis en place, quelle part devraient représenter les honoraires ? La majorité plaide pour plus d’un quart de la rémunération (46 % répondent 25 % et 4 % se disent « favorables » à 100 % d’honoraires), révèle l’enquête de Call Medi Call, tandis que 27 % des pharmaciens estiment qu’ils devraient représenter moins de 10 %. Quoi qu’il en soit, les titulaires sont clairs et nets, pas question de toucher à leurs revenus provenant des génériques pour financer ce nouveau mode de rémunération, comme cela a pu être envisagé dans le cadre des négociations avec l’assurance-maladie. Selon Call Medi Call, plus de 8 pharmaciens interrogés sur 10 refusent en effet cette option.
La prime générique ressource essentielle.
D’autres mesures sont mieux comprises. Ainsi, pour 64 % des titulaires, la prime générique est à même de redonner un peu de vigueur à l’économie de leur entreprise. Environ 63 % des pharmaciens interrogés misent sur l’automédication et le rayon libre accès, 60 % sur l’accompagnement des patients chroniques, près d’un sur deux sur la rétrocession de médicaments et 37 % sur la possibilité de créer une holding. En revanche, seulement 10 % tablent sur la création d’un site de vente en ligne de médicaments pour renouer avec la croissance.
Pour se sortir d’une situation économique délicate, les titulaires opteraient en priorité pour le licenciement d’un salarié (72 % des réponses) ou la renégociation de leur prêt (71 %). Autres solutions envisagées : la vente de l’officine (46 %) ou le regroupement (45,5 %), ou encore l’extension des horaires d’ouverture (41 %). Le réagencement de la pharmacie recueille un peu moins de 30 % des réponses et l’installation d’un robot seulement 7,5 % d’entre elles.
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