« C’EST UNE mobilisation exceptionnelle », lance l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Environ 3 800 confrères ont en effet répondu au questionnaire du syndicat adressé aux titulaires début août « afin de connaître les besoins du terrain et d’alimenter ainsi les futures négociations ». Plus précisément, l’USPO voulait tester ses revendications auprès des pharmaciens. Et au vu des résultats présentés hier, les attentes des officinaux sont « en phase avec nos propositions », analyse le président délégué, Gilles Bonnefond. Ainsi, 95 % des titulaires ayant répondu à l’enquête, partage l’idée de l’USPO de revaloriser la marge en augmentant de 10 centimes d’euros le forfait à la boîte. « Nous allons donc renforcer cette proposition », indique Gilles Bonnefond. Tout comme l’arrêt des grands conditionnements, plébiscité par 93 % des officinaux. « Les pharmaciens déplorent une diminution de l’observance avec les conditionnements trimestriels car les patients n’y comprennent plus rien », rapporte le président délégué de l’USPO.
L’enquête montre également que plus de 85 % des pharmaciens sont confrontés à une augmentation de la mention « non substituable » sur les ordonnances, ne leur permettant pas de substituer dans de bonnes conditions.
Autre enseignement : 38 % des officines fournissent des médicaments à des patients résidant en EHPAD*, avec une proportion supérieure en milieu rural. Pour une pharmacie sur deux, l’activité représente moins de 5 % du chiffre d’affaires (CA) et pour plus d’un tiers (jusqu’à 45 % dans les campagnes), entre 5 et 15 %. Selon Gilles Bonnefond, ces résultats indiquent que l’EHPAD contribue à l’équilibre économique des officines rurales, mais représente aussi un outil permettant d’assurer un maillage cohérent du réseau officinal. Autrement dit, si les officines perdent le marché des maisons de retraite, ce sont en priorité celles installées en zones rurales qui seront touchées, avec parfois un risque de fermeture.
Enfin, concernant la santé des entreprises, le constat est sans appel : la dégradation économique s’amplifie. Près de 7 pharmaciens sur 10 confient ainsi avoir des difficultés de trésorerie. « Cela signifie que la situation s’est encore dégradée en un an », commente Gilles Bonnefond. Plus précisément, environ 70 % des officines souffrent d’un découvert bancaire et un quart d’incidents de paiement. Plus d’un titulaire sur deux indique avoir été obligé de procéder à un apport personnel pour équilibrer sa trésorerie en 2009 et près de 30 % ont renégocié leurs emprunts. Même les pharmacies des zones rurales, censées être un peu plus protégées, ne sont pas épargnées. « Il y a urgence, réaffirme Gilles Bonnefond, car après les difficultés de trésorerie, l’étape suivante est la cessation de paiement ».
Fort des résultats de son enquête, l’USPO reformulera sa série de propositions auprès des pouvoirs publics. « Si le gouvernement prend ses décisions, il répondra aux attentes à la fois économique et politique de la profession », estime Gilles Bonnefond. Verdict le 15 septembre.
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