« NOUS N’AVONS PAS signé le protocole d’accord avec l’assurance-maladie car nous estimons qu’il n’apporte aucune sécurisation de l’économie officinale, explique Michel Caillaud, conseiller chargé de l’économie à l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Nous ne sommes pas contre l’idée d’un honoraire, mais certainement pas à la boîte. » Il dénonce notamment l’absence de « déconnexion des prix et des volumes », qui devait pourtant être l’un des objectifs de la réforme. L’UNPF pointe aussi le risque d’accroître la concurrence entre les officines en introduisant un honoraire à la boîte. « Si le pharmacien facture plusieurs boîtes de médicaments, va-t-il facturer plusieurs fois son conseil ? » ironise Michel Caillaud. À la place de l’honoraire à la boîte, il préférerait un honoraire de dispensation uniquement lié à la prescription et fixé à 1 euro par ordonnance. Le gain estimé pour l’officine serait de 550 millions d’euros, qui pourraient être financés par une réaffectation des prestations perçues au titre des génériques.
Mobilisation des pharmaciens.
Michel Caillaud dénonce aussi l’impact « délétère » de l’honoraire à la boîte sur la 3e tranche de marge dégressive lissée (MDL), qui concerne les produits au prix fabricant hors taxes (PFHT) supérieur à 1 500 euros. « Les nouveaux traitements qui arrivent sur le marché sont nombreux dans cette tranche. Il est risqué de bloquer la marge des pharmaciens sur ces produits innovants », estime-t-il. Le syndicat réclame donc la mise en place d’un honoraire de responsabilité sur les médicaments de la 3e tranche. « Cet honoraire pourrait être versé en échange d’informations fournies par les pharmaciens sur l’observance et la tolérance des traitements complexes », suggère Michel Caillaud. Il s’inquiète également de l’absence de sécurisation des contrats de coopération, alors que 30 % de l’économie de l’officine est liée au générique. Pour l’UNPF, « au moins 16 % des officines seront perdantes » lors de l’introduction de l’honoraire à la boîte. Outre ses propositions d’honoraires à l’ordonnance et sur les produits de la 3e tranche, l’UNPF souhaite la mise en place d’un honoraire spécifique sur la préparation des doses à administrer (PDA), d’1 euro par jour et par patient. « Cet honoraire peut être transposé dans le cadre de l’expérimentation de la vente à l’unité proposée par la ministre de la Santé », estime le syndicat.
Même s’il est conscient que les marges de manœuvre qui subsistent sont réduites, l’accord ayant déjà été ratifié par deux syndicats, l’UNPF ne désarme pas. « Je pense que nous pouvons encore jouer sur la 3e tranche et la sécurisation du générique », espère le syndicat. Pour le reste, il juge que « la seule possibilité pour modifier ce protocole d’accord serait une mobilisation des pharmaciens ».
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine