EN PRÉSENTANT son étude sur les ratios économiques des officines en 2013*, le groupe d’audit, de conseil et d’expertise comptable KPMG met en évidence au moins deux phénomènes nouveaux, qui changent l’approche que l’on avait jusqu’ici de la performance économique des officines. Tout d’abord, le chiffre d’affaires, à lui seul, n’est plus un indicateur entièrement pertinent pour mesurer la bonne santé et les performances économiques d’une pharmacie. En effet, soulignent Patrick Bordas et Joël Vellozzi, responsables de cette étude, « la répartition de l’activité par type de produits, le taux de substitution, les produits chers, sont autant de facteurs qui influencent sur le chiffre d’affaires, et plus encore d’ailleurs sur la marge ».
Baisse de l’activité.
Concrètement, pour 2013, ce changement se traduit par une baisse de l’activité de 1,3 % pour l’ensemble des pharmacies. Le chiffre d’affaires moyen passe ainsi de 1 612 400 € en 2012 à 1 591 900 € en 2013, les deux tiers des officines ayant une évolution de chiffre d’affaires négative. Toutefois, l’effet taille joue toujours un rôle important : plus le chiffre d’affaires de l’officine est important, et plus son évolution est favorable. Il en est de même pour les pharmacies de centre commercial, qui voient leur activité progresser de 1,7 % en moyenne en 2013. La baisse moyenne de l’activité provient du recul du chiffre d’affaires sur le médicament remboursable, qui représente les trois quarts (76 %) de l’activité. Les ventes de ces médicaments régressent en effet de 3,2 % entre 2012 et 2013. « À nouveau, remarquent Patrick Bordas et Joël Vellozzi, l’augmentation de la part de délivrance de médicaments génériques à prix plus faible par rapport aux princeps explique en grande partie ce recul. »
Les ventes de médicaments non remboursables, de compléments alimentaires et de dispositifs médicaux, en revanche, progressent dans leur ensemble de 5,6 % en 2013, malgré, selon certaines sources statistiques, le recul du marché stricto sensu des médicaments d’automédication. De même, les ventes de parapharmacie et d’autres produits à taux de TVA majoré progressent significativement, de 5,2 % en moyenne. Au total, ces deux derniers types d’activité permettent de limiter le recul global du chiffre d’affaires des officines en 2013.
Nouvelle rémunération.
Le second changement à noter porte sur la structure de la marge. Toutes activités de l’officine confondues, le taux moyen de marge brute commerciale s’élève à 31 % en 2013 (contre 29,7 % en 2012), soit une marge moyenne hors taxes, en valeur, de 492 900 € (au lieu de 479 300 € en 2012). Comment expliquer cette progression ? En pratique, c’est le taux de marge sur l’activité de vente de médicaments remboursables qui tire à la hausse l’ensemble de la marge des officines, puisqu’elle représente désormais 30,6 % des ventes, « un taux jamais atteint », relève l’étude de KPMG.
Or, normalement, le taux de marge sur l’activité de médicaments remboursables, hors remises et autres conditions commerciales, ressort à environ 22 % en appliquant le seul barème de la MDL. Les pharmaciens réussissent donc à gagner des points complémentaires de marge grâce à la vente des génériques, aux remises légales complémentaires, à la marge de gros en cas d’achats directs, aux contrats de coopération commerciale et aux primes sur les ventes de médicaments génériques mises en place l’an dernier, expliquent les auteurs de l’étude.
Concurrence sur les prix.
Le taux de marge moyen sur les médicaments non remboursables en revanche, est en baisse, à 33,3 % en 2013 au lieu de 34,3 % en 2012. De même pour le taux de marge sur les produits de parapharmacie, qui passe en moyenne de 32,1 % à 31,8 %. « Des chiffres qui, selon Patrick Bordas et Joël Vellozzi, révèlent une concurrence importante entre les pharmacies sur ces deux activités et montrent la nécessité de maîtriser l’évolution des prix de vente sur les activités non réglementées. »
En tout cas, l’analyse de la marge des pharmacies en 2013 montre bien que celle-ci se transforme en une rémunération prenant des formes diversifiées. La MDL reste aujourd’hui encore le « socle » de la rémunération du pharmacien, mais ce n’est plus la seule. La substitution, le développement de l’OTC, la rémunération à la performance, les coopérations commerciales : ces nouvelles composantes de la rémunération officinale - qui augmente en moyenne, en 2013, de 2,8 % en pourcentage et de 13 600 € en valeur - sont désormais déterminantes pour l’économie des pharmacies, rendant d’ailleurs le résultat de l’activité moins prévisible à la seule lecture du chiffre d’affaires.
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