NOUS SOMMES loin de l’enthousiasme engendré par la signature de la nouvelle convention, en avril 2012. Un an plus tard, les promesses contenues dans ce texte ont du mal à se concrétiser. Ainsi, les textes permettant le lancement officiel de l’accompagnement des patients sous AVK semblent s’être perdus dans les méandres des cabinets ministériels. La prime générique pour 2012, qui devait être versée au plus tard à la fin du premier trimestre de cette année, n’a toujours pas été débloquée. De même, la tant attendue rémunération mixte censée compenser les baisses de prix et de volumes, n’est pas prête de voir le jour. Pire encore, tandis qu’il était venu chercher le soutien du ministère de la Santé pour faire aboutir les négociations engagées avec l’assurance-maladie sur l’évolution de la rémunération, Philippe Gaertner est reparti avec l’annonce d’un nouveau plan d’économies sur le médicament d’un milliard d’euros pour 2014 (« le Quotidien » du 3 juin). Et le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) de tirer le signal d’alarme, car les systèmes compensatoires, mis en place afin d’assurer la transition avec le nouveau mode de rémunération, vont s’épuiser petit à petit au cours de l’année.
Voilà pourquoi l’angoisse monte et le ton change. Des menaces de grève des gardes fleurissent ici et là, tout comme des appels au boycott des commissions paritaires locales (CPL). À bout, certains ont même déjà décidé de passer à l’action. Les trois organisations syndicales de Paris (FSPF, USPO* et UNPF**) ont ainsi annoncé qu’elles ne siégeront pas à la prochaine réunion de la CPL. « Leur présence sera désormais soumise au minimum au versement des montants dus », annoncent leurs représentants, Andrée Ivaldi (FSPF), Laurent Ortiz (USPO) et Hervé Thoraval (UNPF). Ils déplorent que « l’assurance-maladie manifeste à l’égard des pharmaciens un irrespect qu’ils ne peuvent continuer à accepter : la prime attendue, loin de suffire à sauver la situation économique de la pharmacie, peut néanmoins représenter pour certains la sauvegarde provisoire de leur activité ».
L’impatience grandit également du côté des présidents des syndicats FSPF de la Fédération pharmaceutique méditerranéenne (FEDMED) qui, dans une lettre ouverte, demandent à la ministre, aux syndicats et à l’assurance-maladie, de tout mettre en œuvre pour enfin aboutir à un accord qui permettra aux pharmaciens d’officine d’obtenir la modification de rémunération telle qu’elle a été prévue dans la convention signée l’an passé. « Nous ne comprenons pas pourquoi l’État, par le biais de la CNAM, ne tient pas ses engagements, expliquent-ils. Nous ne comprenons pas pourquoi rien n’aboutit : nous voulons une marge plus représentative du travail effectué au comptoir, une rémunération en partie à l’honoraire, sans déplacement du forfait à la boîte vers cet honoraire, ce qui a été proposé et qui est une avancée, pour nous, dérisoire. » La tension est palpable au sein de la profession après l’échec des négociations. Phénomène nouveau, la mobilisation ne vient pas directement des instances nationales, mais de la base, et notamment des syndicats départementaux, qui paraissent plus que jamais désespérés et déterminés.
**Union nationale des pharmacies de France.
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