Le Quotidien du pharmacien.- Notez-vous une hausse des indus dans les comptes des officines, certains pharmaciens estimant qu’ils peuvent atteindre le prix d’une Twingo ?
Emmanuel Leroy.- Si on ne peut réellement le chiffrer, l’assurance-maladie ne communiquant pas de statistiques, on observe que ce phénomène s’accélère. De plus en plus de clients nous sollicitent afin de connaître les recours possibles, notamment l’appel aux services d’un avocat. Car effectivement, les indus pénalisent rapidement les trésoreries. Nous accompagnons quant à nous nos clients auprès des banques si le décalage se creuse. Il est certes toujours difficile d’aborder la question d’une trésorerie avec la banque. Mais, si on ne peut souscrire un emprunt, nous tentons de négocier des autorisations de découverts, LCR (lettre de change relevé) à l’appui. Quant à dire que les montants sont de plus en plus importants, c’est difficile à chiffrer. Certains pharmaciens peuvent être impactés à hauteur de 100 000 euros, mais cela reste rare. Ce que nous observons davantage, ce sont plutôt des petits montants récurrents.
Et qui sont très chronophages pour l’équipe officinale. Ne vaut-il pas mieux, dans ce cas, abandonner ?
Il ne faut pas laisser passer, en aucun cas. Ceci d’autant plus dans un contexte où les pharmaciens ont des difficultés à récupérer de la marge. Il faut contester ces indus systématiquement. Le pharmacien a payé la boîte, il l’a délivrée, il n’y a aucune raison pour qu’il ne soit pas payé. Ce tatillonnage administratif trop élevé est totalement injuste. Le pharmacien a fait son travail et on lui confisque sa rémunération. Je conseille donc à mes clients de toujours se faire payer, même s’il y a des rejets. Quitte à s’adosser à une société spécialisée pour recouvrer les sommes.
Cette hausse des indus est-elle liée à la part croissante des médicaments chers ?
Il y a, de fait, deux facteurs. Il est certain que les contrôleurs de la Sécurité sociale vont passer plus de temps à traquer l’erreur administrative, une erreur de libellé ou une fraude sur une ordonnance de médicaments chers que sur une « petite » ordonnances. Par ailleurs, dans le cadre des indus portant sur des produits chers, les pharmaciens sont confrontés à un autre problème : ils ne touchent certes que 100 euros de marge sur un produit qui en vaut 2 000 mais l’assurance-maladie ne leur demande pas de rendre la marge, mais bien la somme correspondant au prix du produit. Cela engendre par conséquent une perte sèche. Et il va falloir en vendre des médicaments pour récupérer cette somme !
D’autres facteurs, comme la démarque inconnue, cohabitent-ils avec les indus, accusés de « plomber » les trésoreries ?
Dans tous commerces, il y a une hausse de la démarque inconnue. Cependant, pour les pharmacies, je ne note pas de dégradation de marge liée à ce phénomène. Le sujet a déjà été pris en considération par les titulaires qui ont investi dans des bornes ou tout simplement disposé des boîtes vides en rayons. En revanche, les indus ainsi que la marge dégradée par les effets de l’inflation sur les frais généraux et la masse salariale ont, eux, de véritables impacts sur la trésorerie.
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