?LES TROIS présidents des syndicats d’officinaux n’ont pas tremblé. Mercredi 4 avril, Philippe Gaertner, président de la FSPF (1), Gilles Bonnefond, président de l’USPO (2), et Michel Caillaud, président de l’UNPF (3), ont paraphé une nouvelle convention avec l’assurance-maladie. Une convention qui marque un tournant pour la profession. Car le texte signé la semaine dernière fait entrer l’officine dans l’ère des honoraires et des missions rémunérées. « C’est une satisfaction pour nous, déclare Philippe Gaertner. La modification de la rémunération introduisant une part d’honoraires est parfaitement justifiée sur le plan professionnel. Il paraissait en effet impossible de mettre en pratique la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) sans cette logique d’honoraires. » Cette modification apparaît également indispensable, aux yeux du président de la FSPF, au regard de l’évolution prévisible du marché du médicament dans les années à venir. De droite comme de gauche, la majorité des candidats à l’élection présidentielle l’affirment : on consomme trop de spécialités en France et leurs prix sont trop élevés. Du coup, quel que soit celui dont le visage apparaîtra le 6 mai au soir sur les écrans de télévision, il y a fort à parier qu’il donnera un nouveau tour de vis sur les dépenses de médicaments.
Une alternative à la rémunération actuelle.
Également signataire de la convention, le directeur général de l’UNCAM (4), Frédéric van Roekeghem en convient. Dans un contexte de déficit chronique de la Sécurité sociale, les mesures visant à baisser les prix et les volumes des médicaments ne cesseront pas de sitôt, a-t-il expliqué fin mars, lors du salon Pharmagora. Aussi, pour le directeur général de l’UNCAM, la convention fraîchement signée représente une alternative à la rémunération actuelle des pharmaciens uniquement liée au prix des spécialités ; elle permet de « trouver les moyens d’amortir et de minorer l’impact des mesures sur le médicament non seulement pour 2012, mais aussi d’avoir une position stratégique face à une situation qui risque de perdurer ». « Rien ne serait pire que l’immobilisme, avait-il lancé aux syndicats d’officinaux. Ce serait une faute grave vis-à-vis de la profession. »
Les syndicats n’ont donc pas commis cette faute. « Il était important que la profession paraphe cette convention de façon unanime », indique Gilles Bonnefond, qui se dit « satisfait ». Et d’ajouter : « Nous avons fait le maximum de ce que nous pouvions réaliser aujourd’hui pour faire évoluer le métier de pharmacien. » Pour lui, ce n’est ni plus ni moins que la concrétisation de dix ans de travail. « Nous avons créé l’USPO pour aller vers cette orientation du métier », explique Gilles Bonnefond. Toutefois, le président de l’USPO se montre toujours prudent quant à la mise en place des honoraires, le premier seuil de 12,5 % de la rémunération lui semblant élevé. « Dans un contexte économique extrêmement défavorable, il faudra se montrer particulièrement attentif », explique-t-il. Mais, souligne-t-il, « nous avons écrit dans la convention que tout changement se ferait s’il n’y avait pas de risque de déstabilisation du réseau ».
Un engagement individuel.
Ce qui ne semble cependant pas avoir totalement rassuré l’UNPF, qui se montre quelque peu réservée quant au contenu de la convention paraphée. « Ce texte n’apporte pas forcément la pérennisation que notre profession attend puisque certains transferts s’opèrent dans un périmètre constant », explique le syndicat présidé par Michel Caillaud, qui se dit toujours attaché à une relinéarisation de la marge. « Les arguments tendant à démontrer l’intérêt des honoraires dont on ne sait, s’ils seront un jour réévalués, et une baisse de marge, conséquence d’une diminution des volumes et des prix, ne sont pas pour l’instant clairement démontrés », argumente l’UNPF. Cependant, « les difficultés économiques de nombreuses officines ne nous laissent pas forcément le choix de refuser des rééquilibrages, comme la substitution des produits génériques et la modification prévue de la marge sur les conditionnements de trois mois ».
Au final, « les engagements pris par nos interlocuteurs afin d’apporter des solutions à l’officine ont conduit l’UNPF à signer cette convention », explique le syndicat. Reste maintenant à attendre la publication du texte au « Journal officiel ». Dès lors, il appartiendra ensuite à chaque pharmacien de signer cette nouvelle convention avec l’assurance-maladie.
(2) Union des syndicats de pharmaciens d’officine.
(3) Union nationale des pharmacies de France.
(4) Union nationale des caisses d’assurance-maladie.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Cas de comptoir
Douleur et fièvre au comptoir
Gestion comptable
Fidéliser sa clientèle ? Oui, mais pas à n’importe quel prix