Lancée fin janvier, cette « grande consultation » a recueilli 493 pages de commentaires, soit 7 000 verbatims dont un tiers porte sur l’économie de l’officine. « Donnez-nous plus de missions et stoppez la baisse de la marge et de la rémunération, notamment des honoraires », c’est ainsi que Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France synthétise les contributions de 6 277 pharmaciens. 68,68 % d'entre eux souhaitent voir élargir leur rôle à de nouvelles missions. Au palmarès, la livraison à domicile, la vaccination (contre le Covid, mais aussi les rappels vaccinaux), les soins de premiers recours et le développement de nouveaux TROD. Ce constat amène la FSPF à changer de braquet et à inscrire ces points au programme des élections aux URPS.
En revanche, d’autres évolutions du métier comme les entretiens pharmaceutiques ou l’exercice coordonné sont nettement rejetées par les pharmaciens. 42,7 % des répondants estiment d’ailleurs qu’aucune structure, qu’elles soient CPTS, MSP ou ESP*, n’est adaptée à l’exercice coordonné. Près de quatre pharmaciens sur dix qualifient même les CPTS d’« usine à gaz ». Cette désaffectation est symptomatique de la saturation éprouvée par les titulaires face à la surcharge de travail administratif. « Nous prenons note de cette réticence à se coordonner en structure. Il faudra veiller à alléger ces contraintes supplémentaires car l’un des rôles des URPS est d’inciter les pharmaciens à s’emparer de l’exercice coordonné », relève Philippe Besset.
Simplifier et revaloriser
Quant aux entretiens pharmaceutiques – moins de 5 % des pharmaciens ont réalisé des bilans partagés de médication en 2020 - « il faudra les réinventer et les faciliter par de nouvelles fonctionnalités dans les LGO », poursuit le président de la FSPF, soulignant que dématérialisation ne rime pas systématiquement avec simplification administrative. 61 % des pharmaciens déplorent d’ailleurs que ces tâches « occupent plus de temps qu’avant ».
Deuxième axe de cette grande consultation : l’économie officinale qu’une courte majorité de pharmaciens (48 %) estime « moyenne », alors que 10 % la qualifient de « mauvaise ». La baisse du prix des médicaments est l’une des premières sources d’inquiétude. Cependant, 88 % des pharmaciens estiment que la rémunération de la dispensation du médicament n’est pas suffisante au regard du travail fourni.
Ces réactions des pharmaciens donnent l’occasion à Philippe Besset de décrypter son programme économique : « Nous proposons un honoraire à 1 euro quelle que soit l’ordonnance, une hausse de l’honoraire complexe à 1 euro également contre 30 centimes actuellement, afin de soutenir les officines de proximité, une revalorisation de l’honoraire de conditionnement pour le générique et les princeps alignés, ainsi qu’un forfait mensuel de 1 000 euros pour les officines engagées dans les soins de premier recours, une ROSP qui pourrait remplacer la ROSP qualité des soins. »
* Communautés professionnelles territoriales de santé, maisons de santé pluriprofessionnelles, équipes de soins primaires.
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