Il n’y aura plus trois organisations représentatives de la profession, mais deux. Les résultats des élections aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS) modifient significativement le paysage syndical pharmaceutique*. En enregistrant seulement 8,60 % des suffrages (contre 11,72 % en 2010), l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) n’a pas réussi à franchir la barre fatidique des 10 %, ce qui « lui ôte son caractère représentatif », indique ainsi la Direction de la Sécurité sociale (DSS). Pour le syndicat présidé par Jean-Luc Fournival, qui n’aura que dix élus sur toute la France, « le constat est sévère ». « Nous avions pris un risque en portant un projet innovant, tourné vers l’avenir et réformateur, analyse l’UNPF. Nous prenons acte des résultats qui confirment que les pharmaciens ne souhaitent pas s’engager vers une profonde réforme du système. Nous en tiendrons compte et proposerons des solutions plus adaptées. »
Les orientations très libérales proposées par l’UNPF n’ont donc pas séduit les titulaires. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) remporte 12 URPS sur 17 et reste la première organisation, avec 48,81 % des voix et un nombre total d’élus s’élevant à 89. Mais le syndicat présidé par Philippe Gaertner perd plus de 10 points par rapport au scrutin de 2010 où il avait obtenu 59,20 % des votes. Dans le même temps, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) fait un bond de 13,51 points et recueille 42,59 % des votes (66 élus).
L’écart entre les deux syndicats s’est donc resserré et ils doivent désormais « négocier ensemble », estime le président de l’USPO, Gilles Bonnefond, qui dit avoir appelé Philippe Gaertner, mais aussi Jean-Luc Fournival, « pour leur tendre la main ». Pour lui, ce rapprochement des forces syndicales pour travailler de concert est la traduction du message envoyé par les confrères au travers de leur vote. Les bons résultats obtenus par son syndicat marquent, selon lui, « la confiance des pharmaciens dans l’USPO, la volonté de voir les syndicats s’entendre et défendre la profession ensemble », mais aussi une défiance vis-à-vis de la réforme de l’honoraire. « Il est temps de remettre ce chantier en route », insiste Gilles Bonnefond, qui se dit toujours opposé au passage de l’honoraire à 1 euro au 1er janvier 2016. « Nous devons discuter de tout cela, de façon apaisée, souligne le président de l’USPO. Les échéances électorales étant passées, nous allons pouvoir aborder ces questions sereinement. »
Un vote marqué par l’inquiétude
Le rapprochement des positions entre les syndicats semble cependant loin d’être acquis. La FSPF reste bien décidé à « intensifier la bataille de la rémunération qui se traduit, en priorité, par la revalorisation des honoraires de dispensation afin de neutraliser les baisses de prix programmées, par la mise en place d’honoraires à l’ordonnance et par la sécurisation de l’économie du générique ». Avant d’ajouter que « le gouvernement doit entendre le message des pharmaciens et mettre en œuvre sans tarder le plan d’urgence réclamé par la FSPF ».
Plus largement, « les résultats des élections des représentants des pharmaciens d’officine doivent être interprétés comme l’expression du désarroi de la profession face à l’aggravation des difficultés économiques de l’officine, pense la FSPF. Ils reflètent également l’impatience des pharmaciens face à la lenteur de la mise en œuvre des solutions destinées à sécuriser le revenu officinal ». Pour le syndicat, l’assurance-maladie et l’État ont leur part de responsabilité dans ce malaise de la profession en retardant l’entrée en application de la nouvelle rémunération et en aggravant les plans d’économie sur le médicament. La FSPF pointe aussi le redécoupage des régions qui a pu brouiller l’image des URPS, mais aussi le contexte économique et social fortement dégradé qui a pesé dans ces élections.
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