JUSQU’À PRÉSENT moins touchée que les autres régions par la baisse de la démographie médicale, l’Alsace commence à son tour à y être confrontée : le médecin de Sentheim, village de 1 600 habitants situé au sud ouest du Haut-Rhin, dévissera sa plaque dans six mois et n’a pas trouvé de successeur malgré deux ans de recherches. La jeune pharmacienne de la commune, Ève-Catherine Kuntzmann, se bat pour retrouver un médecin, en utilisant toutes les techniques modernes de communication.
Page Facebook* et hashtag Twitter, sites professionnels, contacts intensifs avec les médias locaux : plutôt que de laisser les seules autorités sanitaires et locales tenter de régler le problème, la pharmacie de Sentheim lance une véritable offensive pour attirer un praticien dans le village. « Nous le faisons d’abord pour nos concitoyens, mais aussi bien sûr pour la pharmacie », explique Ève Catherine Kuntzmann, qui a racheté il y a un an et demi avec son frère la pharmacie créée par son père en 1983. « Si le médecin part, les gens devront aller se faire soigner ailleurs, et nous ne savons pas du tout s’ils resteront fidèles à la pharmacie ou s’ils iront dans les pharmacies situées près de chez les autres médecins », explique-t-elle. Il est difficile de chiffrer exactement ce que représenterait la disparition du médecin pour l’officine, mais, « à la louche », ce dernier rédige environ 20 % des ordonnances honorées par son officine, le reste provenant des médecins extérieurs, installés notamment dans des communes sans pharmacie.
« Le village a beaucoup d’atouts pour permettre à un médecin de réussir », souligne la pharmacienne : outre sa bonne situation géographique au débouché de la vallée de la Doller, il y a deux cabinets de kinésithérapeutes, 4 infirmières libérales et un dentiste. De plus, la mairie est prête à réunir tous les professionnels de santé dans un bâtiment commun. Enfin, il existe une maison de santé à Thann, à dix minutes de là, qui assure les gardes du week-end.
L’opération de communication lancée par la pharmacie n’a pas encore porté ses fruits, mais le nombre de « j’aime » sur ses pages augmente régulièrement, les commentaires positifs affluent et les médias s’intéressent au sujet : France 3 Alsace et le quotidien « l’Alsace » y ont consacré des reportages, de même que Télématin.
Nous devons utiliser tous les moyens modernes pour trouver un médecin, conclut la pharmacienne, qui s’interroge par ailleurs sur la manière de régler plus globalement le problème des déserts : « il n’y a pas de désert pharmaceutique parce que nous avons la répartition, ne serait-il pas temps d’imaginer un système comparable avec les médecins ? » relève-t-elle.
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