La campagne vaccinale contre le Covid-19 devrait débuter en janvier prochain. Un mois avant cette échéance et en fonction des données à sa disposition alors qu’aucun vaccin n’a encore décroché une autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe, la HAS a défini une stratégie vaccinale en cinq phases.
« Nous voulons être prêts à mettre en route cette campagne dès l’arrivée des vaccins. Notre priorisation vise à réduire l’hospitalisation et la mortalité tout en préservant les fonctions essentielles du pays, dont le secteur de la santé, tout en prenant en compte l’arrivée progressive des doses vaccinales », explique Dominique Le Guludec, présidente du collège de la HAS.
Dans ce cadre, priorité est donnée aux résidents des EHPAD et des unités de soins de longue durée (soit environ 750 000 personnes), dont sont issus environ un tiers des décès dus au Covid-19 en France. « Les personnels qui s’occupent des personnes âgées dans ces établissements sont aussi visés par cette première phase, mais nous devons là encore prioriser au regard de leur grand effectif et de l’arrivée progressive des vaccins », précise le Pr Élisabeth Bouvet, présidente du Comité technique des vaccins (CTV) de la HAS. Seront donc concernés les personnels de 65 ans et plus, ainsi que ceux présentant une comorbidité à risque de développer une forme sévère de Covid-19* (soit entre 90 000 et 100 000 personnes).
Phase 2 ou 3 pour les pharmaciens
En phase 2, la vaccination concernera d’abord les plus de 75 ans, puis les 65-74 ans présentant une comorbidité, et enfin toute la population de plus de 65 ans. S’y ajoutent les professionnels du secteur de la santé, du médico-social et du transport sanitaire de plus de 50 ans ou présentant une comorbidité. Suivra la phase 3, visant les personnes de plus de 50 ans et celles de moins de 50 ans avec comorbidité. « À ce stade, la vaccination sera proposée à l’ensemble des professionnels de santé, du secteur médico-social et des transports sanitaires, ainsi qu’aux professionnels issus des secteurs indispensables au fonctionnement du pays (…) qui seront définis par le gouvernement », souligne le Pr Daniel Floret, vice-président du CTV. Les pharmaciens d’officine de plus de 50 ans ou présentant une comorbidité sont donc ciblés dans la 2e phase, les autres dans la phase 3.
La 4e phase de cette campagne s’adressera aux moins de 50 ans sans comorbidité qui sont exposés au virus (accueil du public, milieu clos où les gestes barrières sont difficiles à respecter) ainsi que les personnes vulnérables ou précaires telles que les résidents en milieux psychiatriques, les sans domicile fixe et les détenus. Enfin, la 5e phase touchera tous les Français de 18 ans et plus. « Les essais cliniques mis en place s’intéressent en priorité aux personnes les plus infectées, donc assez peu aux enfants qui semblent peu infectés et peu transmetteurs, c’est pourquoi les premières AMM ciblent les plus de 18 ans. Mais les industriels ont l’intention d’introduire des enfants dans leurs études dans un second temps », précise le Pr Floret.
Protection individuelle
L’ensemble de ces recommandations repose sur l’objectif d’une protection individuelle des vaccins à venir, ce que les données à disposition permettent de garantir. Mais de nombreuses incertitudes demeurent, en premier lieu sur leur capacité à bloquer la transmission du virus (protection collective) et sur leur durée d’efficacité. Des données qui, lorsqu’elles seront connues, pourraient modifier la stratégie vaccinale, au même titre que « leur disponibilité effective » et les éventuelles tensions d’approvisionnement.
Quant aux futurs vaccinateurs, rien n’est encore arrêté même si la HAS espère « que les professionnels de terrain au plus près de la population, donc les médecins, les pharmaciens et les infirmiers, pourront participer à la vaccination (…) malgré les problématiques de conservation de certains vaccins ». Tout va dépendre de la consultation publique sur l’organisation de la campagne, qui a pris fin lundi et dont les résultats devraient être connus à la mi-décembre, et des choix politiques. « La HAS donne un avis sur la priorisation des personnes à vacciner, indique Dominique Le Guludec, mais la mise en œuvre opérationnelle de la campagne et de ses modalités pratiques appartient au ministère. »
* Obésité (IMC > 30) en particulier chez les plus jeunes, BPCO et insuffisance respiratoire, hypertension artérielle compliquée, insuffisance cardiaque, diabète de types 1 et 2, insuffisance rénale chronique, cancers récents de moins de trois ans, transplantation d'organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques et trisomie 21.
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