« J’ai vraiment l’impression qu’on nous a mis à la porte ! », souligne désabusée, Élisabeth Dhumerelle, préparatrice et épouse d’un des deux titulaires de la Pharmacie du Pont de la Maye, à Villenave d’Ornon, dans l’agglomération bordelaise.
Une officine appelée à disparaître pour cause de… tramway. En effet, elle est située sur le tracé de l’extension de la ligne C du tramway bordelais. Une extension prévue de longue date et pour laquelle trois trajets avaient été étudiés : « On nous a toujours dit de ne pas nous inquiéter, qu’une solution serait trouvée, se souvient Élisabeth Dhumerelle. Au sein du comité de quartier, j’ai participé à toutes les réunions publiques, mais rien n’était clair, on ne répondait pas précisément à nos questions. »
Désarroi
En définitive, c’est le tracé passant au milieu de l’officine qui est choisi. Au grand désarroi des titulaires d’une pharmacie, présente depuis 60 ans dans le quartier très passant du Pont de la Maye, et qui s’est développée sur 210 m² avec une équipe de 7 salariés.
« On aurait dû nous proposer des solutions de réimplantation, indique Élisabeth Dhumerelle. Mais rien n’est venu. La mairie nous a proposé des Algeco dans une rue sans aucun passage, nous avons refusé. » Dans le même temps, une ZAC avec logements et commerces se profile au cœur du quartier. « L’opérateur nous a cherché un emplacement, mais n’a rien trouvé, poursuit la préparatrice. Pourtant une petite pharmacie est prévue sur la place de la future ZAC, mais elle semble promise à un autre pharmacien. D’ici là, nous aurons été expropriés et nous aurons restitué notre licence. La population a longtemps cru que nous serions dans la nouvelle pharmacie de la ZAC, mais maintenant qu’ils savent que non, les clients sont furieux et nous adressent beaucoup de témoignages d’amitié. »
D’autant que le quartier risque d’être privé de pharmacie, pendant les travaux du tram et de la ZAC qui devraient s’achever en 2018… car la pharmacie du Pont de la Maye devrait baisser le rideau cet été. Et licencier ses sept salariés.
Amertume
Dans quelques jours, un jugement d’expropriation sera prononcé pour les murs de l’officine, puis un autre pour le fonds de commerce. Mais là aussi, les pharmaciens sont inquiets, les propositions de Bordeaux Métropole étant très éloignées du montant estimé par un cabinet d’expertise spécialisé.
Devant l’enchaînement des événements, les titulaires de la pharmacie du Pont de la Maye ont cherché à reprendre une pharmacie du secteur. « Comme ils n’ont rien trouvé, ils cherchent désormais hors du département, précise Élisabeth Dhumerelle. Nous sommes ici depuis 23 ans et nous comptions bien y finir notre carrière. Je ressens beaucoup d’amertume… et de fatigue. Mais je reste persuadée que tout cela aurait pu être évité, avec un peu de réflexion. » Et de dialogue.
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