Le Quotidien du pharmacien.- Où en est concrètement le projet « Mon espace santé » aujourd'hui et que peut-on en attendre globalement ?
Gérard Raymond.- La crise sanitaire a donné un aperçu aux Français de ce que pouvaient apporter les outils numériques. De nombreux sondages et enquêtes montrent qu'il y a une vraie appétence des citoyens pour ces derniers. Après l'échec du DMP, il y a eu cette volonté de créer un espace numérique pour chacun et France Assos Santé a été associée à cette réflexion. Pour moi le nom retenu, « Mon espace santé », est particulièrement pertinent. Pour chaque utilisateur, ce sera comme un coffre-fort, qui n'appartiendra qu'à soi. On pourra décider ou non de transmettre ses données de santé, avoir une maîtrise sur cela. C'est vrai que cela ne semble pas encore très au point aujourd'hui, les LGO ont encore beaucoup de travail notamment. On voit que la plateforme est ouverte depuis début janvier, mais le passage crucial pour la réussite du projet est encore devant nous : comment le faire connaître aux 66 millions de Français ? Comment leur expliquer son principe et faire en sorte qu'ils se saisissent de cet outil ?
Les résultats des expérimentations menées l'an dernier laissent apparaître quelques doutes sur le niveau d'information des assurés. La communication a-t-elle été suffisante ?
On ne va pas tirer sur l'ambulance, mais oui, on peut parler d'un manque d'ambition et de mobilisation, a minima. On n'a pas senti une vraie volonté politique de parler de cette innovation pendant ces expérimentations menées dans trois départements. En revanche, il va falloir désormais le faire. On a bien vu avec le DMP qu'il y avait eu beaucoup de mécontents, nous n'avons pas le droit de manquer cette nouvelle occasion. On ne sait toujours pas quand la campagne de communication va débuter, je ne vais pas mentir, cela ne me rassure pas forcément. Ce retard peut sembler inquiétant.
Entre le Covid et l'élection présidentielle, peut-on penser que le moment choisi pour lancer l'espace numérique de santé n'est pas idéal ?
Évidemment, le timing est un peu problématique, on voit bien que ce premier semestre 2022 est copieux et que nous sommes encore dans une situation difficile par rapport au Covid. Cela peut expliquer pourquoi ça tarde. Organiser une conférence de presse pour annoncer le grand lancement du projet, puis constater que l'intendance ne suit pas et qu'il n'y a pas de calendrier précis, ne serait pas cohérent. Peut-être est-ce mieux d'attendre encore un peu. Nous espérons quand même des annonces assez rapidement, fin janvier ou début février. Nous n'avons pas le droit de nous manquer avec « Mon espace santé », c'est une innovation qui peut transformer notre système de santé et les relations entre patients et professionnels, mais on ne peut le nier, le risque de se rater est réel.
Avez-vous eu vent de critiques concernant la méthode employée, à savoir l'ouverture systématique des profils sauf si l'on s'y oppose ?
Certains disent que ce n'est pas le bon moyen en effet, mais que proposent-ils en contrepartie ? Quoi qu'on en pense, nous entrons dans l'ère du numérique et il faut continuer à acculturer la population à cela. Que le profil soit ouvert automatiquement, sauf si l'on s'y oppose, cela ne me pose aucun souci, cela me semble même logique. L'important ensuite c'est que cet espace m'appartienne vraiment, que je puisse réellement le gérer moi-même.
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