SEULEMENT 5 % des professionnels de santé exercent aujourd’hui au sein d’une maison ou d’un pôle de santé. Ces structures qui correspondent à l’aspiration des jeunes professionnels de santé à un exercice collégial et à des horaires régulés, tendent à se multiplier. La récente décision de la ministre de la Santé de pérenniser les nouveaux modes de rémunération (NMR) à hauteur de 50 000 euros par an, donne de nouvelles perspectives à cette interprofessionnalité.
Le pharmacien pourrait trouver naturellement sa place au sein de ces structures dont il pourrait même « être le catalyseur », estime Philippe Gaertner, qui préside à la fois le conseil national des professionnels de santé (CNPS) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Il appelle toutefois à la « vigilance la plus extrême » afin de ne pas ajouter de la désertification aux déserts existants. En renonçant à la proximité pour une concentration territoriale dans une structure, les pharmaciens abandonneraient en effet leurs fonctions de postes avancés de premier recours.
Farouche défenseur des maisons médicales - elle est vice-présidente de la Fédération française des maisons et des pôles de santé - Brigitte Bouzige, pharmacienne dans le Gard, convient que « certains pharmaciens font de cette opportunité une raison de transfert et dégradent ainsi l’image de la profession ». « Il faut absolument éviter de bafouer la proximité à cause des maisons de santé », met-elle en garde. Et de rappeler que « la notion de proximité a toujours été un argument de défense de la profession face aux différentes instances ». Elle soutient que les transferts doivent être, dans ce cas, soumis à des contrôles et des règles plus stricts, aujourd’hui inexistants.
Cohérences.
Il reste pour autant concevable que les pharmaciens, également chefs d’entreprise et commerçants, puissent être tentés par l’attraction d’une maison de santé. « C’est la raison pour laquelle les pharmaciens doivent y aller munis de bonnes raisons », plaide Corinne Daver, avocate experte en droit de la santé auprès du cabinet Fidal. Elle met en garde les titulaires contre l’idée de s’intégrer à une maison ou un pôle de santé par défaut. « Ils ne doivent pas s’inscrire dans cette démarche parce qu’ils n’ont pas d’autres choix, mais parce qu’elle correspond à un état d’esprit », ajoute-t-elle. En inversant les tendances de la désertification, les pharmaciens pourraient être, selon elle, les moteurs susceptibles de maintenir sur place des professionnels de santé, voire d’attirer de jeunes médecins. Sous réserves de clarifier certains points en suspens. De l’avis des experts, le statut des pharmaciens au sein des Services de soins à domicile (Sisad), et notamment leur statut de commerçants soumis à la TVA, méritent encore une réponse de l’administration fiscale.
Pour Brigitte Bouzige, ces derniers points ne doivent toutefois pas faire rempart à l’implication des pharmaciens dans les maisons et pôles de santé. Confiante, elle assure que le sujet est en pleine évolution et devrait déboucher vers davantage de cohérence dans les mois à venir.
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine