Après dix-huit mois sans médecin, Lingreville-sur-mer (Manche) vient de retrouver un généraliste : Donation Lefrançois a, en effet, vissé sa plaque le 3 juin dernier.
Il a fallu l'idée de Christian Albentosa, le pharmacien de la commune, qui s'en est ouvert au maire : planter des panneaux aux entrées de la ville, comme bien des villages le font pour annoncer une fête ou une brocante. « Lingreville recherche médecin », et un numéro de téléphone.
La commune avait pourtant inauguré un pôle de santé, fin 2014, 350 000 euros d'investissements pour 80 m2 de locaux médicaux et un logement de 70 m2. C'était, à l'époque, pour permettre de meilleures conditions de travail à l'infirmière et au podologue. Le Dr Lecampion, généraliste, s'y était installé, et a cherché un successeur.
Mais à son départ à la retraite, fin 2017, tous les prétendants s'étaient récusés, et la commune de 2 000 habitants s'est retrouvée sans médecin. « La population de Lingreville est âgée, souligne Christian Albentosa, avec des problèmes de mobilité. » Chercher plus loin un médecin était donc un problème.
Les élus de leur côté cherchaient un médecin « depuis 6 mois, un an, précise Jean-Benoït Rault, le maire. On a eu des touches par un cabinet de recrutement. J'ai aussi contacté des mairies qui connaissaient des problèmes identiques ». La commune, dont la situation sanitaire la rendait éligible à une aide de l'agence régionale de santé (ARS), un an renouvelable une fois, a eu des contacts avec des médecins roumain, espagnol, belge, guadeloupéen. Des incompatibilités de diplôme, le plus souvent, empêchaient toute solution. Les élus se sont même interrogés pour salarier un médecin. Ils ne se sont pas fait prier pour répondre à la proposition du pharmacien.
« L'attente n'aura pas duré deux mois, constate Christian Albentosa. Depuis le médecin a établi de bons contacts, la sauce a pris, et les gens reviennent. » Donatien Lefrançois, médecin alors installé au Mans (Sarthe), était en vacances familiales près de Lingreville, l'été 2018, quand il a vu les panneaux, une banderole le long d'une route départementale. Il a pris contact avec la mairie et a été reçu aussitôt. Concevant qu'il s'agissait « d'un projet de vie », il a demandé un temps de réflexion, mais avant l'été suivant, il vissait sa plaque.
« Les concitoyens sont très satisfaits, observe Jean-Benoït Rault, d'autant plus que non seulement Lingreville, mais l'ensemble du secteur, est en déficit, avec des médecins âgés, et saturés de travail. Ils prenaient des consultations, mais ne pouvaient plus être référents. Leur carnet de rendez-vous était déjà trop rempli. »
« La suggestion que nous a faite Christian Albentosa montre qu'il ne faut pas se fermer aux idées, qu'il n'y a pas de sotte façon de voir les choses. Il est important de montrer les atouts de la commune, ses particularités. » Le pôle communal de santé fonctionne maintenant avec un médecin, deux infirmières, et deux podologues, à moins de 100 mètres de la pharmacie.
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