Une quinzaine de parlementaires issus de différents partis, le pharmacien addictologue René Maarek et le Pr Nicolas Authier, appellent le gouvernement à ne plus repousser la généralisation de l'usage du cannabis médical pour les patients dans une tribune publiée dans « Libération »,
L'expérimentation conduite sur le cannabis thérapeutique en France doit prendre fin le 25 mars 2024. Qu'adviendra-t-il ensuite ? Pour l'instant, le flou demeure, ce qui préoccupe grandement des parlementaires mais aussi des médecins et des pharmaciens. Une inquiétude renforcée par l'absence de toute mesure relative au cannabis thérapeutique dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. Pour les signataires de la tribune parue le 10 octobre dans « Libération », ajouter cette mesure au PLFSS pour 2024 est pourtant « une nécessité éthique et clinique ».
« Alors que l'expérimentation du cannabis médical en France est entrée dans sa troisième année, nous nous trouvons à un tournant décisif », estiment les élus, le Pr Authier et le pharmacien René Maarek. « Plus que jamais, nous avons l'occasion d'améliorer la vie de plusieurs milliers de patients en situation d'impasse thérapeutique, par ailleurs souvent en fin de vie », expliquent-ils, soulignant que l'expérimentation a fait ses preuves. « Elle présente des résultats sur plus de deux années, qui démontrent à la fois la capacité des professionnels de santé à prescrire et à dispenser ce type de médicaments, une sécurité d’emploi rassurante concernant les effets indésirables, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie d’un nombre significatif de patients jusque-là peu ou pas soulagés », rappelle la tribune.
Les signataires invitent la France à suivre l'exemple des 22 pays de l'Union européenne (sur 27) qui ont déjà inscrit dans leur droit un accès sûr et encadré au cannabis médical. « Comment peut-on ainsi s’opposer à l’accès de médicaments susceptibles de soulager des douleurs que les traitements classiques ne parviennent pas à atténuer ? Ignorer les résultats positifs de l’expérimentation et ne pas généraliser l’accès au cannabis médical en 2024 serait une trahison pour ceux qui souffrent, notamment de cancer, d'épilepsie, de sclérose en plaques ou d'autres douleurs chroniques », jugent les auteurs de la tribune, rappelant l'importance de distinguer cette question de celle du cannabis récréatif.
Si l'expérimentation venait à être prolongée, cela poserait également un autre risque, celui de voir les acteurs de l'industrie ayant fourni gratuitement du cannabis à usage médical les deux premières années de l'expérimentation ne pas se réengager pour une quatrième année. Si tel était le cas, cela pourrait entraîner des « interruptions de traitement pour près de 2 000 patients participant en ce moment à l'expérimentation », alertent les signataires. Au contraire, l'adoption d'une loi visant à généraliser l'usage du cannabis médical permettrait « de garantir l’accès aux patients à des produits aux standards pharmaceutiques et ainsi de ne plus contraindre certaines personnes malades à s’approvisionner en produits douteux issus du marché noir, dont la qualité et la sécurité ne peuvent être assurées », soulignent-ils enfin.
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