Interrogée sur la dispensation protocolisée, la ministre de la Santé a rappelé l’importance d’une stricte séparation entre prescription et délivrance. Et donné l’exemple des substituts nicotiniques…
C’est une réclamation ancienne et régulièrement remise au goût du jour des pharmaciens. Depuis des années, ils délivrent des substituts nicotiniques, ces médicaments à prescription médicale facultative (PMF) et remboursés sur prescription. Depuis des années, ils doivent réorienter le patient vers le médecin pour qu’il puisse présenter une prescription et bénéficier d’un remboursement (lire notre article « abonné »).
Or la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016 a élargi la possibilité de leur prescription à de nombreuses professions de santé : sages-femmes, médecins du travail, chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes. Mais pas aux pharmaciens. Ensuite, le remboursement forfaitaire a été remplacé, à partir du 28 mars 2018, par la prise en charge classique existant pour tout médicament.
À chaque étape, les pharmaciens ont réitéré leur demande : le droit de prescrire les substituts nicotiniques. Fin 2018, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) est revenue à la charge en proposant des entretiens tabagisme à l’officine lors de discussions avec l’assurance-maladie.
Jusqu’alors, la réclamation semblait ne pas avoir été entendue. Mais les déclarations d’Agnès Buzyn devant la commission des affaires sociales du Sénat ne laissent plus aucun doute : la ministre de la Santé y est fermement opposée. Répondant à une question du sénateur Bernard Jomier, inquiet que la stricte séparation « entre prescription et réalisation de la prestation » disparaisse avec la dispensation protocolisée, Agnès Buzyn s’est voulu rassurante. Considérant la séparation stricte entre prescription et délivrance comme « un principe fondamental », elle indique que la dispensation protocolisée ne concernera « que des situations d’urgence ou des personnes qui peinent à trouver un médecin et aboutissent aux urgences ». Pour preuve, elle souligne s’être « beaucoup battue à l’Assemblée nationale » contre la prescription des substituts nicotiniques par le pharmacien, car il s’agissait là d’un « mélange des genres ». Elle ajoute : « Il n’est pas souhaitable que les prescripteurs soient les vendeurs. » Un « principe fondamental » loin de prévaloir pour le médicament vétérinaire.
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