Dossier groupements et enseignes 2015

Relève : les réseaux assurent

Publié le 12/10/2015

Article réservé aux abonnés

Les mutations démographiques qui s’annoncent ne sont pas une fatalité pour les groupements et les enseignes. La plupart ont pris conscience de la nécessité de mettre en place des outils propres qui leur permettent de se différencier dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Le développement du réseau n’est toutefois pas leur unique priorité. Certains viennent même à envisager de resserrer la sélection afin d’asseoir leur positionnement.

Aelia

La transition générationnelle est conjuguée par Aelia sous de multiples aspects. Le groupement, qui joue la carte de la proximité, organise des réunions entre des comptables et ses adhérents afin de les aider à évaluer à leur juste prix, leur projet de cession. Sur l’autre versant, les jeunes installés seront guidés dans leurs décisions stratégiques et dans leur politique commerciale. Ces rencontres leur permettront d’échanger leurs expériences entre confrères. Enfin, outre ces journées « jeunes installés », Aelia développe des partenariats avec les facultés de pharmacie et organise des prix de thèse avec pour objectif d’accentuer sa notoriété auprès des étudiants.

Alphega

La génération montante est incarnée au sein même de l’enseigne puisque, fait assez rare pour être souligné, son président Philippe Pasdeloup n’a pas 35 ans. L’enseigne du groupe Alliance Healthcare s’adosse à sa maison mère pour développer une stratégie de recrutement fondée sur le parrainage et la cooptation. Le passage de flambeau est concrétisé dans le partage des savoirs entre nouveaux venus et adhérents de plus longue date. Pour renforcer son attractivité, Alphega fait évoluer son positionnement dans la dimension « services » et développe une panoplie de e services (prise de rendez-vous en ligne, scan d’ordonnances) et d’e-commerce (click & collect).

Évolupharm

Attirer les jeunes, c’est leur donner une raison de croire en l’avenir. Ainsi peut se résumer le credo de Pascal Geffray, président de ce groupement. Le seul garant de cet avenir s’incarne selon lui dans la marge que le groupement se met un point d’honneur à défendre. Car, affirme-t-il, « préserver la marge, c’est préserver tout le système ». Autre message que ce groupement bientôt trentenaire délivre à la génération montante, « garantir l’indépendance du pharmacien sur laquelle il n’est pas possible de transiger ». Pourvu d’une enseigne, le groupement a un argument supplémentaire auprès des jeunes. Il leur parle réseau.

Forum Santé

Positionnée sur une dynamique du point de vente, l’enseigne a pour objectif d’entraîner dans son sillage tous les pharmaciens innovants. Avec succès puisque dix nouveaux venus sont venus grossir en l’espace d’un an ses effectifs encore confidentiels. Persuadée que le changement est une chance pour faire autrement et mieux, l’enseigne tire profit des mutations en cours pour développer de nouveaux concepts afin de mieux répondre aux attentes du client et optimiser la communication sur le Web ou via une appli mobile, le tout avec un concept d’agencement qui privilégie l’accueil.

Giphar

La plus grosse des enseignes est aussi la plus ancienne, et par là même particulièrement exposée au renouvellement de ses adhérents, dont 30 % ont plus de 55 ans. C’est dire si Giphar est impliqué dans la conquête de la nouvelle génération à laquelle elle a du reste dédié son dernier « Grand dossier de la Pharmacie ». L’enseigne se donne un deuxième « coup de jeune » en se lançant sur les réseaux sociaux professionnels tels que Vidaeo et Linkedin à partir de cet automne. Elle n’en délaisse pas pour autant son programme d’aide à l’acquisition en organisant chaque année deux séminaires à destination des adjoints qu’elle forme à leur futur rôle.

Giropharm

Au rang des groupements historiques, Giropharm a la chance de pouvoir compter sur la fidélité de ses adhérents, dont les deux tiers comptent plus de douze ans d’ancienneté. Une force qui devient son talon d’Achille, transition démographique oblige. Le groupement anticipe sur le mouvement en offrant aux acquéreurs ou aux primo accédants une plateforme de services en partenariat avec des organismes financiers. Il joue ainsi les facilitateurs auprès des adjoints désireux de s’installer. Il en va de la pérennité du réseau et du groupement, passé en coopérative en décembre 2014. Ce nouveau statut juridique impulse un état d’esprit collectif et signe la volonté de maintenir une discipline de réseau.

Hexapharm

Pour vivre heureux, vivons caché pourrait être la devise de ce groupement, fondé sur une synergie de compétences entre quelques dizaines de pharmaciens depuis près de dix ans. Il doit sa croissance modeste mais continue à la seule cooptation de ses membres entre eux et leurs adjoints. Quand l’un d’eux veut s’installer, le groupement actionne le réseau. À l’inverse, un pharmacien souhaitant céder sera sûr de pouvoir léguer son officine à un repreneur « initié » aux arcanes de ce groupement de petite taille, mais composé d’officines conséquentes (chiffre d’affaires moyen 2,8 millions d’euros).

HPI

Cette jeune enseigne qui puise ses racines dans le commerce associé mais n’en revendique pas moins une vision médicalisée du métier de pharmacien, croît depuis deux ans à un rythme annuel de vingt adhérents. Il est vrai que ce modèle fondé sur une forte cohésion de ses membres fait le buzz. À tel point que, au cours des douze derniers mois, HPI a pu se permettre de refuser plusieurs candidatures dont les motivations ne lui semblaient pas assez « convaincantes ».

IFMO

Société coopérative d’intérêt collectif, IFMO doit à sa nouvelle forme juridique, d’avoir augmenté le nombre de ses adhérents de 70 à 250 sociétaires en l’espace d’un an. Le modèle, fondé sur un service à la carte dans lequel le pharmacien puise sans pour autant devoir souscrire à la globalité imposée par l’enseigne, séduit. Ce projet d’entreprise se suffit à lui seul et le bouche à oreille fait le reste pour convaincre les intéressés. D’autant qu’IFMO, s’appuyant sur ses entités Creedoo et IPST Connect, compte à son actif des compétences propres en matière de formation, d’organisation de la pharmacie et de positionnement.

Lafayette

Parti de Toulouse il y a dix ans, le réseau des pharmacies Lafayette étend d’année en année sa toile à travers l’Hexagone. Au cours des douze derniers mois, il a augmenté ses effectifs de 45 % en comptant sur sa notoriété grandissante, mais surtout sur la cooptation entre les titulaires déjà acquis à ce modèle économique basé sur le bas prix. Un accompagnement au plus près du titulaire en matière d’installation (prêts bancaires, agencement, référencement) et de suivi (visites, analyses, optimisation, formation) est l’argument phare de ce groupement qui promet de maintenir son rythme d’ouverture à raison de 30 officines par an, de proposer le concept en zone rurale et bientôt d’ouvrir sa propre centrale d’achat.

Les Pharmaciens associés

Parmi l’un des derniers arrivés dans le peloton des 17 groupements de référence nationale, Les pharmaciens associés ne se place pas moins au troisième rang des plus fortes croissances d’effectifs. Cinquante pharmaciens rejoignent chaque année ce réseau. Mais ce score ne satisfait plus l’appétit d’un groupement qui a l’ambition d’atteindre une taille à l’échelle de sa maison mère, la coopérative Astéra. D’ici à trois ans, les effectifs devront gonfler à 500 adhérents pour atteindre le millier dans sept à huit ans. Ce challenge suppose de convaincre les jeunes sur les bancs de la faculté avant de les inviter, une fois diplômés, à rejoindre l’école des futurs installés.

Mutualpharm

Ce groupement qui fête ses dix ans, essaime essentiellement à Lyon et en région Rhône-Alpes. Groupement très fédéré, il n’appuie son expansion que les réseaux de pharmaciens plutôt jeunes et dynamiques qui s’installent. Il vise une montée en puissance qui lui permettrait de passer à 90 adhérents dans un tout proche avenir. Les services qu’offre ce groupement organisé en société de regroupement d’achats (SRA) sont essentiellement centrés sur l’approvisionnement. Il s’est cependant doté d’outils numériques et de services de gestion statistiques au service de ses adhérents. De même, il se fait assister d’un juriste spécialisé en création, cessions et fonds de commerce qu’il met à disposition des candidats à l’installation.

Objectif Pharma

Pour se rendre attractif auprès des jeunes le groupement promet de leur rendre la vie plus facile et de leur faire économiser 300 heures par an sur les achats et la gestion du stock. Ce groupement adossé à la coopérative Wellcoop épouse le mode collaboratif cher aux jeunes générations et les aide à formuler leur projet d’entreprise. Il fournit également à ces jeunes pharmaciens entrepreneurs les outils à l’installation, agencement, facilités financières… en contrepartie d’un engagement fort. Objectif Pharma n’est pas à court de projets pour assurer la relève. Il envisage des partenariats intergénérationnels et s’apprête à présenter son modèle dans les amphis.

Optipharm

Le groupement a lui aussi retrouvé le chemin de la fac et organise dans une dizaine d’UFR des rencontres entre les générations. Une manière de renouveler son portefeuille d’adhérents-actionnaires (à hauteur de cinq actions de 90 euros chacune) et de maintenir ainsi ses effectifs. Le congrès du groupement est également l’occasion de mettre en relation les générations et de faire une place au cercle des jeunes pharmaciens. Une première étape avant l’accompagnement dans l’installation en partenariat avec des experts juridiques et d’autres conseillers en cessions et regroupements.

Pharmacorp

Avec une stratégie de développement axée sur la proximité, le groupement recrute en région. Et joue la carte de la densité. C’est donc tout naturellement le bouche à oreille qui fonctionne dans le Grand Sud-Ouest, et plus particulièrement auprès des primo-accédants de la région Midi-Pyrénées. Avec des coûts de fonctionnement volontairement limités, le jeune groupement se targue de ne pas faire peser ses cotisations sur les finances de ses adhérents. Et de ne pas annihiler ainsi les économies réalisées par les achats groupés.

Pharmactiv

Conscient du défi que soulève le vieillissement de la population, l’un des plus anciens et des plus importants groupements a su évoluer avec son temps en proposant aux jeunes des solutions concrètes et sur-mesure. Parmi elles, l’association avec le cabinet Interfimo pour soutenir les jeunes candidats à l’installation. Ou encore l’enseigne du groupement (Optimum) qui en séduit plus d’un. Les jeunes apprécient l’économie collaborative du groupement, ils s’identifient à la convivialité de sa MDD, au logo européen du groupement, et sont des relais sur les médias sociaux tels que twitter et Facebook, où Pharmactiv compte plus de 13 000 fans. Pharmactiv a cependant bien noté que les jeunes n’en gardent pas moins la tête sur les épaules et attendent aussi d’un groupement des résultats économiques.

Pharmavance

Cette jeune enseigne encore confidentielle, et qui a rejoint récemment l’UDGPO, soigne une forte identité visuelle qui n’est pas pour déplaire aux jeunes recrues. Avant l’installation, l’enseigne propose de former le futur titulaire et l’accompagne également dans la recherche de l’officine parfaite. Le coaching s’effectue tant dans les négociations financières que dans la réalisation des travaux. Une fois installé, le nouveau titulaire pourra compter sur les services promis par l’enseigne à ses adhérents : négociations d’achats, plans marketing et merchandising, et enfin gestion des relations humaines avec un consulting juridique.

Pharmavie

L’un des plus anciens groupements, Pharmavie n’en est pas moins soucieux de cultiver son vivier d’adhérents, convaincu que le mélange entre générations est un atout majeur. Les adhérents ont ainsi à cœur de pousser les jeunes pharmaciens à s’installer. Il n’est pas rare que ces entrepreneurs - leur chiffre d’affaires moyen est de 2,7 millions d’euros - mettent le pied à l’étrier des plus jeunes en prenant des parts dans des SEL qui, une fois développées, rejoignent elles aussi le groupement. Pharmavie s’enorgueillit ainsi de nombreux exemples de success story d’anciens adjoints aujourd’hui détenteurs de leur deuxième officine.

Pharmodel

Depuis un an, le thème du recrutement est pris à bras-le-corps par le groupement qui déploie une palette d’outils tels le parrainage, des solutions à l’installation et à la reprise d’officine à travers des offres négociées ainsi qu’un accompagnement spécifique (analyse géomarketing, implantation merchandising, politique de prix). Soucieux de maintenir son attractivité auprès de ses (futurs) adhérents, Pharmodel déploiera début 2016 un nouveau concept d’enseigne qui condensera toutes les expérimentations concluantes testées pendant vingt-quatre mois par des pharmaciens adhérents pilotes.

Pharm & You

Elle a tout juste un an d’existence mais déjà, la jeune enseigne concentre toutes ses forces à son extension. Le groupement est aujourd’hui une notion dépassée pour Pharm & You qui raisonne exclusivement en terme de réseau. C’est ainsi qu’il décline également ses marques en fonction de l’environnement de l’officine : P & Y City pour les centres-villes, P & Y Express pour le périurbain, P & Y Market pour les centres commerciaux et P & Y Contact en milieu rural. Ces différentes identités permettent de mieux cibler les futurs adhérents, avec toutefois un seul dénominateur commun : l’évolution des adhérents « vers le haut de la pyramide de la profession ».

PHR

Sur les 230 cessions enregistrées au cours des deux dernières années, 110 officines sont restées dans le réseau. PHR comme l’ensemble des grands groupements nationaux subit la concurrence des entités locales. Mais qu’à cela ne tienne, il ne poursuit pas moins sur sa ligne sélective : 134 adhérents en 2014 et 88 autres depuis le début de l’année ont été mis sur la sellette pour avoir uniquement privilégié la centrale d’achat au détriment des autres outils du groupement. En retour, PHR se tourne vers les jeunes qu’il incite à le rejoindre grâce un accompagnement à l’installation. Le groupement travaille ce dossier très en amont puisque son président, Lucien Bennatan, répond à pas moins de quinze invitations par an pour présenter le groupement sur les campus.

Univers Pharmacie

Ce groupement a sans aucun doute été le plus proactif en concevant, dès 2011, un dispositif de soutien à l’installation des adjoints. C’est également le plus investi puisqu’il a aplani le chemin de croix financier de candidats sans apport suffisant. Un système de cooptation via sa filiale Univers pharmacie développement a ainsi mis le pied à l’étrier de plusieurs jeunes titulaires de l’Est de la France en leur permettant de contourner le circuit bancaire. Le groupement, confronté aujourd’hui aux limites de ce modèle de prise de risques, est à la recherche d’un fonds d’investissement auquel il pourrait s’allier pour poursuivre le soutien des jeunes.

M.B.