La mise en vente par Servier de sa filiale Biogaran est scrutée de près par le gouvernement et inquiète les salariés du génériqueur. Ces derniers redoutent qu’une cession ne soit engagée dans les prochaines semaines, dans un contexte politique particulièrement flou.
À qui sera vendu Biogaran dans les prochaines semaines ou mois ? Plusieurs candidats sont déjà connus. Le fonds britannique BC Partners associé à Bpifrance a déposé une offre de rachat en juin, et la société française Benta Lyon est également intéressée. Deux génériqueurs indiens, Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo Pharma, sont également sur les rangs, même si « à ce stade, aucun dossier n'a été déposé à Bercy » pour faire intervenir la procédure de contrôle des investissements étrangers en France, selon le cabinet du ministre de l'Industrie.
Très attentif à ce processus de vente qui pourrait avoir des conséquences importantes sur la souveraineté de la France en matière de production de médicaments, le gouvernement avait promis en avril de veiller au grain, notamment en imposant à d’éventuels acheteurs non européens des conditions particulièrement drastiques. Problème, le Premier ministre, Gabriel Attal, vient de voir sa démission acceptée par le président de la République. Le gouvernement restera seulement chargé des affaires courantes dans les prochaines semaines avant un nouveau remaniement. Un contexte politique particulièrement incertain, qui préoccupe les salariés de Biogaran. « En cette période transitoire pour nos institutions, nous craignons que le processus de cession soit irrémédiablement engagé dans les prochaines semaines, voire les prochains jours, par Servier », ont confié les membres du comité social et économique (CSE) de Biogaran dans une lettre ouverte adressée aux parlementaires. Pour ces salariés, le mot d’ordre est clair, comme le résume l’un des membres du CSE : « Pas de décision durant cette période où ni l'Assemblée nationale n'est vraiment installée, ni le gouvernement n'a été trouvé. »
Des inquiétudes d’autant plus légitimes que « Servier veut tout faire pour vendre au plus cher et le plus vite possible », selon une source proche du dossier. Les représentants du personnel de Biogaran, eux, n’ont pas oublié de rappeler aux élus les risques qui pèsent sur le pays et les patients si le génériqueur, qui délivre aujourd’hui une boîte de médicaments sur huit en France, tombait entre de mauvaises mains : « Perte de souveraineté si la production est délocalisée, moins de réactivité face à des crises sanitaires, plus de ruptures de stocks en pharmacie, suppression d’emplois au sein de Biogaran et de ses sous-traitants… » Autant d’arguments que les salariés de Biogaran rappellent dans une pétition mise en ligne sur le site « change.org » et qui prône « le maintien du médicament générique fabriqué en France ». En moins d’une semaine, elle a déjà recueilli près de 30 000 signatures.
Avec l’AFP.
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