Prise en charge des malades atteints d’hépatite C

Promesses et limites d’un réseau de soins

Publié le 12/01/2015
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De par sa gravité, le nombre de personnes infectées et le coût global de sa prise en charge, l’hépatite C constitue en France une priorité de santé publique. Dans ce contexte, de nouveaux traitements sont porteurs d’espoir, mais leur coût élevé interpelle. Des questions se posent sur la stratégie de soins, son organisation et le rôle du pharmacien. Témoignages au sein d’un réseau.

LE DR David Zucman et son équipe sont engagés dans la qualité et la sécurité des soins au sein du réseau ville-hôpital Val de Seine (Hôpital Foch-Suresnes-92) depuis 1993, date de sa création. La file active actuelle de plus de 600 patients VIH et VHC pose un défi organisationnel. « Nos patients sont souvent complexes avec un environnement psychosocial lourd ; en pays de droit, le traitement doit pouvoir être offert à tous et au vu de l’accompagnement nécessaire ce ne sera pas possible rapidement », précise-t-il. La première étape va être celle de la validation avec et par le pôle de référence hépatites* (décret du 4.11.14). À l’hôpital Foch, les réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) recommandées sont en place depuis le mois de mars 2014. Elles rassemblent autour d’une même table, infectiologue, hépatologue, pharmacien hospitalier et officinal de ville, psychologue, assistante sociale, et secrétaire médicale. Mais une question se pose : un responsable du pôle pourra-t-il être disponible pour y participer régulièrement et déclencher la prescription ? Il faudra ensuite passer du médicament remis au traitement suivi : impliquer le patient et soutenir sa motivation. Au-delà de la volonté partagée des équipes, la tâche semble immense au vu de la patientèle. Des programmes et actions d’éducation thérapeutique du patient (ETP) vont être adaptés à cette problématique nouvelle de patients en demande et souvent préalablement traités sans succès.

Quelle place pour l’officine ?

Au sein de ce réseau, Bruno Laurandin, pharmacien installé à Suresnes, est impliqué dans le suivi des patients ambulatoires. Une fois par mois, il participe à la réunion de RCP. « C’est une vraie chance : la connaissance des médicaments, leur place thérapeutique, les effets indésirables et les interactions médicamenteuses ; à ce jour la dispensation est exclusivement hospitalière ; les officinaux sont peu informés, et pourtant il est important de pouvoir appréhender les effets secondaires ou gérer les interactions potentielles », confie-t-il. Dans le cas d’un patient identifié, l’implication et l’écoute d’un pharmacien « référent » permettrait un suivi pour répondre aux questions, maintenir l’adhésion et renforcer les chances de succès thérapeutique. D’autres patients dont le statut de VHC + peut-être ignoré, peuvent venir à l’officine pour une ordonnance annexe ou bien solliciter un conseil pour une fièvre, un mal d’estomac ou une rhinopharyngite**.

Par ailleurs, le renforcement du dépistage devrait permettre l’instauration d’un traitement antiviral à un stade plus précoce avec un bénéfice individuel de réduction des complications et des décès et d’un bénéfice collectif de réduction du risque de transmission.

Information générale, dépistage, aide et soutien au suivi des patients sont autant de sujets où le pharmacien peut choisir d’être actif et jouer à plein son rôle de professionnel de santé. Des projets interprofessionnels sont à créer pour relever ce prochain défi !

*Sept pôles pour Paris Île de France : les hôpitaux de Beaujon, Cochin, H. Mondor, Pitié Salpêtrière, St-Antoine, J. Verdier, P. Brousse

** Une expérimentation de partage de données va être mise en œuvre à Alès (30) entre la pharmacie hospitalière et les officines de ville pour accompagner le patient dès l’instauration du traitement.

MARIE DE ROULHAC

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3144