À partir du 10 avril 2017, Le zolpidem (Stilnox et génériques), sera classé en partie comme stupéfiant. À savoir, il devra être prescrit sur ordonnance sécurisée, en nombre d'unités de prise indiqué en toutes lettres, sans chevauchement de délivrance. Par ailleurs, une nouvelle ordonnance ne pourra pas être établie pendant la période déjà couverte par une précédente ordonnance, sauf mention expresse du médecin. Cependant, il n’y aura pas d’obligation pour le patient de présenter l’ordonnance au pharmacien dans les 3 jours suivant la date de prescription pour la délivrance de la totalité de son traitement. Et le pharmacien n’aura pas l’obligation d’archiver une copie des ordonnances pendant 3 ans.
« On ne met pas le zolpidem sur la liste des stupéfiants, mais on lui applique une partie de la réglementation de cette famille de médicaments, commente Nathalie Richard, directrice adjointe à l'ANSM. Cette procédure a déjà été utilisée pour d'autres médicaments qui faisaient l'objet de détournements, comme le Rohypnol ou le Tranxène. » La mesure, qui a été publiée au « Journal officiel » le 10 janvier, a en effet été prise en raison des risques de pharmacodépendance, d’abus et d’usage détourné de la molécule. Car aujourd’hui, le nombre et la sévérité des cas d’abus et de pharmacodépendance avec le zolpidem sont plus nombreux, selon les enquêtes nationales d’addictovigilance de la molécule mises en place depuis 1993. L’ANSM relève ainsi que « le médicament est utilisé chez des patients dans les indications thérapeutiques, mais à doses élevées et sur de longues périodes », mais aussi en « mésusage, à la recherche d’un effet récréatif, ou de façon détournée par les usagers de drogues (avec notamment des cas d’injections) ». Enfin, l’agence a observé « une augmentation depuis plusieurs années du nombre de cas de soumission chimique (le plus souvent à des fins d’agression sexuelle et de vols) avec le zolpidem qui est maintenant la molécule la plus impliquée ».
Poisson d'avril ?
Néanmoins, cette décision ne manque pas d’étonner certains pharmaciens qui témoignent sur notre site lequotidiendupharmacien.fr. Ainsi Christophe A. se demande pourquoi la mesure ne concernerait que le zolpidem. « Et le Noctamide et l'Havlane ? C'est une grosse blague, à moins que tous les hypnotiques suivent », déclare – t il. De même, Jean-Philippe D veut lui aussi croire à un poisson d'avril : « Le temps perdu en inscription administrative (ordonnancier). Un retour à la pharmacie des années 1980, mais avec 10 points de marge en moins et des charges en hausse. Je préfère arrêter de vendre du zolpidem. Leclerc est-il intéressé ? » Pour Catherine Amouroux, adjointe, cette nouvelle réglementation est une source supplémentaire d’erreurs au comptoir : « Le zolpidem classé comme stupéfiant, mais sans délai de carence et sans devoir conserver les ordonnances… il y a de quoi se tromper ! »
Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, anticipe, sur Twitter les difficultés que va poser la mesure : « Cela ne va pas être facile à expliquer dans les pharmacies. Avec une incompréhension des patients en vue. » Des patients souvent très attachés à leur somnifère, comme Armand A., médecin retraité, qui consomme du zolpidem depuis longtemps malgré les contre-indications : « Au moins j'arrive à dormir… Je suis addictif évidemment, mais mon sommeil est à ce prix », reconnait-il sur lequotidiendupharmacien.fr. Mais dans trois mois, pour tous les patients concernés, les prescriptions et les délivrances de zolpidem seront désormais plus complexes.
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