Confusion. C’est le sentiment qui a dominé le vote dans l’hémicycle, le soir du vendredi 26 octobre, alors que les députés devaient se prononcer sur un amendement à l’article 43 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2019). À quelques voix près, ils ont finalement rejeté ce texte adopté en commission des affaires sociales et qui aurait permis aux pharmaciens, dans le cadre d’une expérimentation de trois ans dans deux régions, de dispenser des médicaments à prescription obligatoire sans ordonnance, selon un protocole et pour certaines pathologies.
Après analyse, cet amendement qui avait reçu le soutien d’Olivier Véran, rapporteur du PLFSS, et d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, mais très critiqué par les médecins, a été victime d’un revirement de ces principaux soutiens. « Le projet n’est pas mûr », a déclaré Olivier Véran pour en expliquer l’abandon. Mais la fronde des médecins ne semble pas la seule en cause. Un autre texte, adopté le matin même, semble avoir jeté de l’ombre à ce projet d’expérimentation. Il s’agit de l’amendement à l’article 29 qui autorise, à titre expérimental et dans un cadre très strict, la possibilité pour les pharmaciens de pouvoir renouveler des traitements chroniques ou d’ajuster les posologies en concertation avec le médecin traitant.
Un maigre lot de consolation pour la profession, tandis que de nombreux pharmaciens ne cachent pas leur déception. Ainsi, les futurs diplômés qui sont parmi les premiers à afficher leur désappointement. « Nous portions ce projet depuis longtemps. Nous avions travaillé sur cette mission du pharmacien clinique avec nos confrères suisses et canadiens, et bien entendu avec des députés et des acteurs de notre profession, l’Ordre et les syndicats », regrette Guillaume Racle, vice-président chargé des perspectives professionnelles à l’ANEPF*. Il se dit d’autant plus déçu que cette expérimentation se serait inscrite dans la dynamique favorable à l'évolution de la profession, dessinée par la vaccination et la télémédecine.
Prochaine loi de santé
Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ne perd pas espoir que les initiatives émanant des territoires pour intensifier l’implication du pharmacien soient entendues. « C’est un constat que nous faisons de manière très nette. À nous de nous livrer à un travail pédagogique au sein de la profession pour préparer la prochaine loi santé, qui sera, à mon sens, le véhicule le plus habilité pour abriter un tel projet », décrit-il.
Il insiste par ailleurs sur la nécessité d’œuvrer dans l’interprofessionnalité. Un tel axe pourrait alors faire émerger des propositions « potentiellement consensuelles », avec les médecins. Résolument optimiste, le vice-président de la FSPF se veut également positif. Il souligne en effet qu’une mesure du PLFSS 2019 a totalement été occultée par le débat sur le rejet de l’amendement. Il s’agit de la généralisation de la vaccination antigrippale par les pharmaciens à partir de la saison 2019-2020. Signe que la profession comptabilise, aussi, quelques avancées.
* Association nationale des étudiants en pharmacie de France.
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