« L'obligation vaccinale pour le personnel soignant et non soignant qui travaille dans les établissements de santé, nous la réclamons depuis le mois de janvier ». Pour Gérard Raymond, président de France Assos Santé, organisation qui réunit 85 associations de patients, on ne peut plus se permettre d'attendre de voir si un nombre suffisant de soignants sera vacciné à la rentrée. « Le plus tôt sera le mieux », estime-t-il.
En revanche, décider de rendre la vaccination obligatoire pour l'ensemble des Français lui semble impossible. « C'est un autre problème, pour le grand public on doit travailler sur la confiance, c'est par l'explication que l'on réussira à convaincre. Il faut aussi aller toucher les personnes qui sont réfractaires », explique-t-il. Alors que le variant Delta est de plus en plus présent en France et représente environ 30 % des nouveaux cas détectés aujourd'hui, Gérard Raymond pense que l'arrivée d'une nouvelle vague de contaminations inciterait beaucoup de personnes réticentes à franchir le pas. « Si l'on n'arrive pas à enrayer une 4e, voire une 5e vague, la conviction (d'aller se faire vacciner) viendra à ce moment-là chez de nombreuses personnes qui ne sont pas encore vaccinées. Si une nouvelle vague arrive, il faudra regarder quelles sont les populations les plus touchées et si ce sont des personnes qui ne sont pas vaccinées, il faudra en tirer les conclusions qui s'imposent », estime-t-il.
« Rendre la vaccination obligatoire pour tous ceux qui travaillent au contact du public »
Du côté des syndicats de pharmaciens, plus question également d'attendre encore quelques semaines avant de décider si les soignants doivent être obligatoirement vaccinés ou non. « Cette mesure ne doit pas concerner que le personnel qui travaille dans les EHPAD ou les hôpitaux, mais bien toutes les professions qui sont en contact avec du public, comme c'est le cas des pharmaciens, des enseignants, des restaurateurs… », estime Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Comme l'a récemment rappelé le Pr Alain Fischer au cours d'une réunion à laquelle l'USPO était conviée, l'arrivée du variant Delta change certains paramètres. La vaccination obligatoire de l'ensemble de la population, piste longtemps écartée par le gouvernement et encore récemment repoussée par Olivier Véran, a de plus en plus de partisans : la Haute Autorité de santé, le sénateur Bernard Jomier ou encore François Bayrou, pour ne citer qu'eux. « Avec la souche originelle du Covid, l'immunité collective pouvait être atteinte avec 70 % de la population vaccinée ou protégée par des anticorps après contamination, explique Pierre-Olivier Variot en citant le Pr Fischer. Avec le variant Delta, on estime que ce taux devrait être non pas de 70 mais de 92 %. Si on enlève les très jeunes enfants, cela représente la quasi-totalité de la population, donc sans contrainte cela semble très difficile à atteindre. » Quoi qu'il arrive, l'obligation vaccinale pour tous ne pourra pas être décidée tout de suite. « Aujourd'hui, nous n'avons pas assez de doses pour vacciner tout le monde », rappelle Pierre-Olivier Variot.
Pour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), il faut toutefois veiller à ce que l'obligation vaccinale de toute la population, si elle est décidée, ne soit pas contre-productive. « Si on le fait, il faut vraiment que cela permette d'augmenter la couverture vaccinale. Si cela a un effet repoussoir ce ne sera pas utile, prévient-il. Le sentiment que j'ai, c'est que la population réagit fortement suivant la communication qui est faite. Quand on dit "les vacances arrivent, ça va mieux, on commence à sortir du Covid", les gens ne vont pas se faire vacciner. Par contre, lorsqu'on dit que le variant Delta progresse et que le nombre de cas augmente, le nombre de vaccinations remonte à nouveau, c'est ce qui se passe ces derniers jours », constate Philippe Besset, qui observe cette tendance dans sa propre officine. Alors que le ministre de la Santé redoute l'arrivée d'une 4e vague à la fin du mois, de nombreux patients pourraient ainsi avoir envie d'aller se faire vacciner dans les prochains jours, sans même y avoir été obligés.
Et vous : pour ou contre l'obligation vaccinale pour tous les soignants ? Vous pouvez exprimer votre avis dans le sondage en ligne sur notre site lequotidiendupharmacien.fr
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine