L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'alarme de l'épidémie de tuberculose, « plus grave qu'on ne le pensait jusqu'à présent ». En 2015, 10,4 millions de personnes ont été infectées par le bacille de Koch, entraînant 1,8 million de décès (dont 400 000 co-infectés par le VIH), soit 300 000 de plus qu'en 2014.
Les objectifs fixés par la communauté internationale dans la lutte contre la tuberculose semblent actuellement inaccessibles, à savoir réduire le nombre de morts de 35 %, et de personnes infectées de 20 % en 2020 par rapport à 2015. Pour 2030, l'objectif est une baisse de 90 % du nombre de décès et de 80 % du nombre d'infections. Sur une période de 15 ans, les décès ont néanmoins baissé de 22 %, mais ce résultat est très insuffisant au regard des objectifs à atteindre.
Selon le rapport 2016 de l'OMS sur la tuberculose, ce sont avant tout les fonds manquants qui plombent ces résultats. Entre 2005 et 2014, 700 millions de dollars ont été débloqués chaque année, alors que 2 milliards par an sont nécessaires pour financer la recherche et le développement de traitements antituberculeux. Plus largement, c'est la somme de 8,3 milliards de dollars annuels qui serait nécessaire pour la prévention et le traitement de la tuberculose. Or il manque 2 milliards de dollars actuellement et « ce trou pourrait bien atteindre 6 milliards de dollars en 2020 », selon l'OMS. L'agence américaine de développement international USAID appelle à « augmenter les investissements maintenant, ou nous n'arriverons tout simplement pas à éradiquer l'une des plus vieilles et plus mortelles maladies du monde ».
Autre sujet d'inquiétude : un demi-million de personnes ont été infectées par des formes de tuberculoses résistantes aux antibiotiques en 2015, principalement en Inde, en Russie et en Chine. Seul un patient sur cinq ayant besoin d'un traitement de seconde ligne y a accès. Et seulement 22 % des patients co-infectés par le VIH ont bénéficié d'une thérapie antirétrovirale.
L'alerte de l'OMS découle du déploiement de nouveaux outils de surveillance en Inde, révélant que les estimations pour la période 2000-2015 étaient sous-évaluées. L'Inde constitue, avec la Chine, l'Indonésie, le Nigeria et le Pakistan, le peloton de tête des nouveaux cas (60 %).
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