Qu'on ne leur dise surtout pas qu'ils sont antivaccins : les Prs Luc Montagnier, Prix Nobel de médecine pour la découverte du VIH en 1983, et Henri Joyeux, cancérologue, disent « oui aux vaccins » mais sont contre la « dictature vaccinale » (l'extension de l'obligation vaccinale de 3 à 11 vaccins), ont-ils argumenté dans le cadre d'une conférence de presse fleuve, à laquelle assistaient aussi des membres (tous acquis à la cause) de la société civile.
Les deux professeurs entendent « entrer en résistance » contre la loi en cours de discussion au Sénat (l'extension de l'obligation vaccinale est inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale) ; ceci grâce à des pétitions qu'ils veulent présenter au plus haut de l'État, à Emmanuel Macron, lui-même, Agnès Buzyn étant « têtue et obtuse », selon les mots du Pr Joyeux, « manipulée par ses conseillers, les mêmes que ceux de Touraine », dit-il encore.
Les Prs Joyeux et Montagnier assurent qu'ils ne sont pas antivaccins et se prévalent d'une parole « scientifique », indépendante des « laboratoires », de l'État, de l'Ordre des médecins. Néanmoins, au-delà de l'obligation (méthode qui ne convainc certes par tous les médecins), leur discours fait peu de place aux bénéfices des vaccins.
Le Pr Montagnier fait notamment état du « cas flagrant en juillet 2017, aux États-Unis, d'un enfant qui a reçu 7 vaccins à l'aluminium et est mort 24 heures après ». « Le vaccin n'est peut-être pas la cause mais c'est une relation temporelle-sérieuse », commente-t-il. Le Pr Montagnier évoque aussi une « corrélation temporelle » entre vaccination contre hépatite B et sclérose en plaque. Des « tempêtes de cytokine, des orages immunitaires », lance pour sa part le Pr Joyeux, qui cible les vaccins avec aluminium.
Des arguments contestés
Des propos qui n'ont pas tardé à faire réagir une partie de la communauté médicale. « Qu'un Prix Nobel de médecine, pasteurien de surcroît, tienne des propos volontairement ambigus et alarmistes sur la vaccination, sujet qui sort de son domaine, est inacceptable. C'est une dérive pathétique », estime ainsi le Pr Marc Gentilini, en rappelant que « le Prix Nobel lui a été décerné pour un fait précis, l'isolement du virus du sida dans un ganglion qu'on lui a apporté. Cela lui permet de parler du VIH, mais ce Prix Nobel ne l'autorise pas à dire n'importe quoi sur n'importe quel sujet ». Quant à la « corrélation temporelle » mise en avant par Luc Montagnier, le Pr Gentilini réplique : « Soyons sérieux M. Montagnier, un lien temporel sans relation de cause à effet établie, n'est pas un argument scientifique. Vous n'avez pas le droit avec le titre que vous portez, d'affoler impunément de jeunes parents dans un domaine dans lequel vous êtes incompétent ! »
Devant l'incohérence d'un discours qui nie être anti-vaccin tout en accréditant des contrevérités sur la vaccination, « je souhaite que l'Académie de médecine rappelle à l'ordre le Pr Montagnier, membre titulaire depuis 1989, dont les propos contredisent les prises de position et les messages qu'elle a toujours émis en faveur de la vaccination pour défendre et promouvoir la santé publique ».
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