Quand Nicolas Gorin a repris la pharmacie de Verberie, dans l'Oise, en 2016, un des huit médecins généralistes avait pris sa retraite l'année précédente, et ne fut pas remplacé. Mais l'année suivante, en 2017, un autre médecin part à la retraite, qui, propriétaire de son cabinet, provoque aussi le départ des deux autres généralistes qui l'occupaient.
En deux ans, la commune de 4 000 habitants, au sud de Compiègne, est donc passée de huit à quatre médecins, des départs qui ont aussi entraîné ceux du pédicure et de l'orthophoniste. Une situation préoccupante pour les élus locaux, critique pour le pharmacien, dont 80 % des ventes correspondent à des ordonnances. « Les élus ont été pris de court, rappelle Nicolas Gorin, de même que les habitants. »
De façon peu habituelle, c'est un maçon, Cédric Lefranc, qui va relever le défi, « voulant éviter les mauvaises répercussions sur tous les commerçants, surtout sur la pharmacie ». Le maçon est prêt à investir, avec deux exigences : que le futur cabinet soit en centre-ville et qu'il offre du stationnement.
Scepticisme
La commune peut lui vendre un bâtiment, en mauvais état, mais qui conviendrait. Le bâtiment est surtout situé sur la place du marché, qui sert de stationnement les jours sans marché, à proximité de la mairie, de la rue commerçante, et à 50 mètres de la pharmacie. Cédric Lefranc investit 400 000 euros pour créer huit cabinets médicaux et paramédicaux, sur 280 m2 en deux niveaux, aux normes d'accessibilité.
« Il fallait quelqu'un derrière le projet, observe Nicolas Gorin. Cédric avait déjà la compétence de la construction, c'était une partie de la solution. Il faut lui reconnaître d'avoir eu le courage de le faire, parce qu'investir dans un cabinet médical est plus contraignant qu'investir dans des appartements. »
Cédric Lefranc et Nicolas Gorin se souviennent que la population a longtemps été dubitative face à ce projet. Les rues de la ville étaient en même temps en gros travaux, une situation pesante pour les habitants. Verberie est une ville ancienne, presque bimillénaire, dont le dessin des rues n'a pas été prévu pour le trafic moderne. Beaucoup de voies y sont à sens unique, les travaux sont donc très perturbateurs. « Les gens ont aussi été troublés par la rapidité du départ des médecins, comme par les travaux en ville », rappelle Cédric Lefranc. Sans doute ont-ils aussi pu être troublés par la rapidité de sa propre réaction, d'où leur scepticisme.
Attirer les médecins
Quoi qu'il en soit, le cabinet s'achève, et, dans le courant de mai, sera utilisé par une podologue et une sage-femme, deux infirmières et un psychologue en juin, un ostéopathe en juillet. Il existe par ailleurs, en ville, un cabinet avec trois kinés et trois dentistes, deux cabinets de deux infirmières, et un ostéopathe. Reste donc la question de trouver de nouveaux médecins.
Un premier contact a été établi avec un médecin. Cédric Lefranc, qui reste propriétaire des murs et bailleur des cabinets, entend travailler le plus possible avec la mairie. Celle-ci a déjà créé un site Internet dans ce but.
Nicolas Gorin a été récemment invité, avec les professionnels de santé locaux, à une réunion provoquée par l'URPS médecins. Les maisons de santé pluriprofessionnelles et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ont été présentées ce soir-là. Pour ce confrère de Verberie, il n'y a aucun doute : « Ce sont des initiatives qu'il faut prendre, il faut aller dans ce sens » d'un travail en commun, en particulier pour attirer des médecins.
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