DEPUIS 2013, six officines ont baissé définitivement le rideau en Limousin (2 en Corrèze, 4 en Haute-Vienne) pour cause de non-rentabilité. Mais ce chiffre, pour préoccupant qu’il paraisse, ne signifie pas obligatoirement qu’une crise toucherait l’ensemble de la population pharmaceutique limousine. En effet, seconde région française la moins peuplée avec 742 771 résidents (INSEE 2010), la région recense à ce jour 349 officines, soit une pour 2 118 habitants. Ce qui en fait un territoire plutôt bien pourvu en la matière. Cependant, les disparités sont grandes entre officines rurales ou citadines, les plus rentables n’étant pas obligatoirement celles que l’on pourrait croire. Certaines, installées en plein cœur de grande ville, rencontrent d’importantes difficultés, alors que d’autres, isolées dans des campagnes profondes, affichent une santé florissante.
Le Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens s’est penché sur la question, élaborant son diagnostic et proposant des solutions. Pour son président, Yves Tarnaud, lui-même installé à Limoges, il faut regarder en face la réalité des chiffres et des terrains. « À l’analyse des comptes, il est évident qu’il y a trop de pharmacies en Limousin, ose-t-il, surtout si l’on se borne aux limites données par la loi, imposant le ratio officine-habitants. Automatiquement, cela a une influence sur le chiffre d’affaires de chacun, qui est en diminution, déjà touché par les vagues de déremboursements successives et les nouveaux modes de rémunération. Et ce n’est pas le développement de la parapharmacie qui peut changer la donne, les revenus étant assurés à 86 % par les médicaments remboursés. »
En comparaison d’une moyenne nationale estimée à 1,4 million d’euros par officine, les chiffres d’affaires annuels des officines de la région oscillent dans une très large fourchette, allant de 400 000 euros à plus de 4 millions. Et les pharmacies les plus prospères ne sont pas toujours celles que l’on pourrait croire en regard de leur situation géographique. Yves Tarnaud dévoile ainsi qu’en Creuse (66 pharmacies dont 8 à Guéret capitale départementale de 14 000 habitants) une officine implantée au sein d’une vaste zone très rurale, dépasserait les 4,5 millions d’euros de CA annuel.
Un paradoxe.
« C’est là tout le paradoxe, explique le président du Conseil régional de l’Ordre. Être en campagne, c’est parfois avoir une clientèle nombreuse et fidèle, et pas d’officines proches. Mais cela peut aussi être difficile en raison d’une baisse de la population locale. C’est d’ailleurs ce qui a provoqué plusieurs regroupements dans certains cantons, afin de mieux répondre aux besoins du secteur. De même, notre région est confrontée à une prolifération de déserts médicaux, à une absence de plus en plus patente de généralistes, et donc de prescripteurs. Il s’agit là d’un nouveau problème, qui se rajoute à d’autres, comme les difficultés de succession et le manque de repreneurs lors des départs en retraite. »
Face à cette mauvaise situation, reste à trouver les bons remèdes. Les responsables limousins – syndicats et ordre réunis – préconisent ainsi des regroupements qui s’avèrent généralement efficaces. C’est le cas de Saint-Sulpice-Laurière (Haute-Vienne), où les deux pharmaciennes ont franchi le pas pour former une seule entité. D’autres projets similaires sont en cours. Mais pour Yves Tarnaud, les pharmaciens n’ont pas toujours su anticiper. « Bien sûr, il y a le discount, les grandes surfaces, la para, les réglementations et tous les éléments qui ont transformé le monde officinal au fil des ans et contribué à baisser la rentabilité des pharmacies. Mais beaucoup de confrères se sont endormis sur leurs lauriers et leur confort, alors qu’il aurait fallu réagir, se regrouper, fusionner, tout en continuant à assurer les missions qui sont les nôtres. Notre profession doit s’adapter et la réduction du nombre de points de vente sera dans certaines régions comme la nôtre inévitable. Il faudra être réalistes et pragmatiques pour survivre. » Voilà qui est dit.
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