En tant qu’élu local, Michel Gabas s’inquiète des déserts médicaux qui mettent en difficulté ses administrés. En tant que pharmacien, il porte un regard acéré sur le système de santé et dénonce la détérioration du service public liée directement à ces déserts médicaux. Sous la forme d’une lettre adressée au Premier ministre Édouard Philippe, et en copie notamment à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, il lance un « coup de gueule » pour que l’État prenne ce problème « à bras-le-corps ».
Ses solutions, qu’il qualifie lui-même de « plus ou moins réalistes » ? Desserrer le numerus clausus à l’entrée des facultés « de manière significative » parce qu’il faut « fabriquer plus de médecins, qui se répartiront d’eux-mêmes de manière intelligente s’ils veulent gagner leur vie ». Raccourcir les études de médecine générale, de pharmacie et de chirurgie dentaire. Supprimer les 35 heures à l’hôpital. Moderniser les établissements hospitaliers grâce à un emprunt d’État spécifique. Réformer la tarification des praticiens libéraux en instaurant un bonus d’honoraires pour ceux qui s’installent en zone défavorisée, et un malus pour toute installation en zone surdense. Il rêve de supprimer les agences régionales de santé (ARS) qui agissent « sans discernement, sans vision à long terme, sans connaissance approfondie des réalités territoriales » et de transmettre « aux départements la gestion conjointe avec l’État des diagnostics territoriaux de santé ». Surtout, il imagine un numerus clausus d’installation pour les médecins, comme cela existe pour les pharmaciens. Et une compétence élargie en matière de prescription pour les pharmaciens. « Nous ne sommes pas assez offensifs pour dire que nous sommes indispensables sur les territoires. Avec les déserts médicaux, il faut que nous nous revendiquions comme les spécialistes du médicament. »
Demandes indécentes
Les raisons de ce ras-le-bol ? En trois ans, son bassin de vie de 10 000 habitants est passé de six médecins débordés à trois. Fatigué de courir après des praticiens qui ne veulent pas s’installer en zone rurale, le maire d’Eauze a eu recours aux services de chasseurs de têtes. En un an, il a rencontré dix candidats médecins, tous étrangers : bolivien, brésilien, syrien, algérien… Tous conscients de l’impasse dans laquelle se trouvent les élus français et n’hésitant pas à formuler des demandes que Michel Gabas juge « indécentes ». En vrac, il cite : « L’un voulait que sa femme soit embauchée à la mairie, l’autre que la commune embauche une secrétaire et une infirmière pour l’assister, un autre voulait que nous investissions dans un scanner, sans parler de ceux qui demandent un logement gratuit ainsi qu’une voiture de fonction. » Pour sa commune de 4 200 habitants et son bassin de vie de 10 000 âmes, il a déjà dépensé 20 000 euros d’acomptes prévisionnels pour les honoraires de recherche des chasseurs de têtes, « qui en cas de réussite s’élèveront à 18 000 euros par médecin ». À cela s’ajoute un projet de centre médical en cours de finalisation pour accueillir le ou les futurs médecins, dont le coût avoisine le million d’euros et dont le loyer sera offert pendant 5 ans. Michel Gabas dénonce cette situation ubuesque et demande au Premier ministre : « Quand ce scandale d’État va-t-il cesser ? »
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