Ce 22 février, c’est le sort des pharmacies installées au cœur des territoires fragiles qui était au centre des discussions entre la CNAM et les syndicats de pharmaciens. Un sujet ô combien important alors que le nombre d’officines sur le territoire est passé sous la barre des 20 000 l’an dernier et que pointe le risque de voir apparaître de véritables déserts pharmaceutiques dans les années qui viennent. « L’assurance-maladie a mis sur la table une proposition conforme à ce que j’imaginais, se félicite Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Elle est prête à venir en appui des pharmacies situées dans ces territoires fragiles. Le périmètre, les modalités et la durée de ces aides restent à construire. J’attends aussi que la CNAM nous fasse une proposition chiffrée », explique-t-il cependant.
Parmi les pistes évoquées, apporter une aide financière visant à créer des postes à temps partiel de préparateurs ou d’adjoints dans ces officines. Une idée qui divise les syndicats. « Cela peut être une bonne idée, cela ressemble à ce qui a été fait pour les médecins avec la création de postes d’assistants médicaux », estime Philippe Besset. A contrario, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) balaie d’un revers de main cette idée de “subventionner” des créations de postes. « Cette solution, nous avons dit à la CNAM que nous n’en voulions pas », affirme le président du syndicat, Pierre-Olivier Variot.
Avant que l’assurance-maladie ne puisse éventuellement accorder des aides à des pharmacies situées dans des territoires en difficulté, il faudra premièrement trouver la réponse à cette question. Qu’est-ce qu’un territoire fragile et quelles zones seront considérées comme telles ? La réponse passera par la publication d’un décret de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Un texte attendu depuis longtemps et dont on ne sait toujours pas quand il sera publié. « Si on attend la sortie de ce décret, le risque est que ce point ne soit pas inscrit dans la convention actuelle », prévient Pierre-Olivier Variot, qui est sorti du groupe de travail beaucoup moins satisfait que son homologue de la FSPF. « Je n'ai pas l'impression que l’assurance-maladie soit consciente du niveau de gravité du phénomène », ajoute-t-il, en pensant notamment aux 272 pharmacies qui ont baissé le rideau en 2023.
Au-delà de ce point de désaccord, les deux syndicats ont avancé ensemble d’autres propositions pour aider les pharmacies en place dans ces territoires fragiles et préserver ainsi le maillage tel que nous le connaissons. Ils partagent également un constat commun : il faut faire en sorte que ces officines, et les autres, soient rentables par elles-mêmes. « Nous avons dit à la CNAM qu’il fallait étendre les protocoles de dispensation au-delà de ceux que nous pouvons déjà faire, comme la cystite et l'angine. Nous proposons aussi de revaloriser la téléconsultation dans les territoires où il n'y a pas de médecins. Il faut également favoriser les dispositifs d'orientation par le pharmacien, ou encore développer la télé-expertise… », liste Pierre-Olivier Variot. Pour aider ces pharmacies à trouver un modèle économique pérenne, d’éventuelles aides financières ne sauraient suffire. « La priorité c’est d’améliorer la rentabilité des pharmacies implantées dans ces territoires fragiles », répète Philippe Besset. Un objectif qui ne sera atteint que si certains actes sont revalorisés et si l’on permet aux officines de s’emparer de nouvelles missions plus spécifiques, estiment les syndicats.
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