CETTE ANNONCE a fait l’effet d’un véritable coup de massue dans le milieu pharmaceutique rouennais qui avait laissé prospérer de folles rumeurs… « J’ai simplement vendu mon officine à une jeune titulaire qui a fait ses études à Marseille, explique Véronique Cauchois, la propriétaire jusqu’au 1er novembre de la pharmacie du Théâtre des Arts. Elle ne m’a jamais parlé du groupement auquel elle comptait adhérer et, en tout état de cause, cela ne me regardait pas. Je n’ai fait que vendre une affaire dont l’avenir dépend dorénavant de son nouveau propriétaire. »
La pharmacie du Théâtre des Arts vient d’être acquise par Sophie Alexandris, une pharmacienne adhérente du groupe Lafayette. La nouvelle propriétaire a racheté pour l’occasion, deux magasins contigus à l’officine actuelle. Elle pourra s’installer dans ces nouveaux locaux agrandis à partir du 1er novembre.
Politique de conquête.
« Nous avons bien l’intention de poursuivre notre développement dans le grand ouest, dont nous étions un peu absents, et passer bientôt le cap des 60 officines en France », explique Hervé Jouve, de la direction du groupe Lafayette. Et de citer les villes de Caen et du Havre comme sites possibles de futures implantations. « Notre concept low-cost anti-crise, avec des marges relativement faibles, nous permet de tirer les prix sur l’OTC et la parapharmacie. Il correspond bien à un désir de la clientèle qui plébiscite chacune de nos installations. En moyenne le chiffre d’affaires de nos pharmacies est multiplié par 3,6 en quatre ans », indique Hervé Jouve.
Une stratégie qui n’est pas du goût de toute la profession. Ainsi, la présidente du syndicat des pharmaciens de Haute Normandie ne mâche pas ses mots : « Ils ont une vision totalement mercantile de la profession et pratiquent à l’envers les principes de notre métier. Le patient n’existe plus à leurs yeux qu’au niveau de sa carte bleue et de son compte en banque. » Et Marie Hélène Lallande enfonce le clou : « Localement, cette arrivée est un peu comparable pour la pharmacie à celle des hard discounters dans le commerce traditionnel. Le supermarché de la santé va un peu ternir l’image de notre métier sur l’agglomération rouennaise. »
Vers une guerre douce.
« Et bien cela va être la guerre à Rouen », annonce Maxime Maupas. Ce jeune pharmacien installé de l’autre côté de la Seine, pratiquement en face de la future nouvelle officine à l’enseigne Lafayette, ne cache pas avoir été impressionné par la foule des clients lors d’une visite dans l’une des pharmacies du groupe lors d’un séjour dans le sud. « C’est littéralement de l’abattage au comptoir. Il n’y aucun dialogue aucun conseil, aucun échange… »
« Toutes les grandes pharmacies du centre-ville vont devoir s’organiser pour limiter la casse. » La présidente du syndicat tempère son inquiétude pour l’avenir des officinaux rouennais. Nombre d’entre eux en centre-ville, savent, selon elle, déjà jouer la concurrence : « Certains proposent depuis longtemps des prix serrés et l’ouverture de Lafayette ne devrait pas trop déstabiliser le marché. En revanche ce sont les rayons parapharmacie des grandes surfaces qui devraient être beaucoup plus touchés que les officines traditionnelles. »
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