Quel modèle de pharmacie veut-on pour l'avenir ? Une distribution industrielle de type Amazon, ou un maillage de proximité, tel qu'il existe jusqu'à aujourd'hui en France ?
L'heure du choix a sonné, alerte l'économiste de la santé, Claude Le Pen. « Il faut adapter le modèle économique à ce que l'on veut », souligne-t-il. D'un côté, le gouvernement se félicite du modèle français, sollicitant le pharmacien pour de nouvelles missions, louant ses compétences, renforçant son rôle dans le parcours de soins… Mais, en même temps (comme dirait le Président), de multiples rapports (Cour des comptes, Direction des finances publiques, Autorité de la concurrence) prônent la déréglementation et la mise en concurrence des officines. La vente en ligne est encouragée. Et le médicament continue de jouer le rôle de variable d'ajustement des comptes sociaux. Cette véritable schizophrénie est intenable. Les baisses de prix et de volumes des médicaments condamnent de nombreuses officines de proximité. Mille pharmacies ont fermé en dix ans, 230 rien que l'an dernier, rappelle Philippe Besset, président de la FSPF. L'exemple des laboratoires de biologie médicale, passés de 4 000 à 400 doit faire réfléchir.
Vers des déserts pharmaceutiques ?
Paradoxe suprême, le système d'honoraires mis en place pour compenser les pertes liées au médicament profite avant tout aux grosses structures ayant les moyens de mettre en place les fameuses « nouvelles missions » dont l'assurance-maladie gratifie la profession. Les plus petites doivent souvent y renoncer, faute de personnel, de temps et de place. Sont-elles donc à terme condamnées ? Si rien n'est fait pour corriger ces effets pervers, on peut le redouter. Après les déserts médicaux, on risque bien d'assister à des déserts pharmaceutiques…
Une clarification est indispensable, souligne Claude Le Pen, entre le modèle politique et le modèle économique. Il préconise de prendre des mesures spécifiques selon les situations, de tenir compte les spécificités des territoires, de déroger à la règle commune pour préserver ces officines de proximité, comme c'est le cas pour les hôpitaux de proximité. Autrement dit, de mettre en œuvre des politiques économiques ciblées plutôt qu'une politique générale. Ce système différencié pourrait passer par les agences régionales de santé (ARS). Un système qui rejoint les propositions du député (LREM) de l'Hérault, Patrick Vignal, visant à instaurer une fiscalité adaptée aux territoires en difficulté. Qu'en pensent les principaux intéressés ?
Le débat est lancé. La situation actuelle ne semble en tout cas plus tenable.
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