Alors que le Sénat a voté 20 millions d'euros de crédits pour lancer la mise en place d'une carte Vitale biométrique, les réactions au sein de la communauté médicale et chez les associations de patients sont loin d'être positives…
Ministre délégué chargé des Comptes publics, Gabriel Attal estimait, au lendemain du vote du Sénat, que l'adhésion des professionnels de santé serait cruciale dans le dossier de la carte Vitale biométrique. Un projet notamment défendu par les élus de droite, afin de lutter contre la fraude aux prestations sociales. Interrogé sur le sujet par « Le Quotidien du pharmacien », Philippe Besset n'y était pas allé par quatre chemins pour exprimer son opposition à une idée qu'il juge « inutile et passéiste ». Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) n'est pas le seul à juger d'un mauvais œil le possible lancement d'une carte Vitale biométrique.
Président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Pierre-Olivier Variot « ne voit pas non plus l'intérêt » de mettre en place une carte Vitale biométrique pour l'instant. « On estime qu'environ 2 millions de fausses cartes Vitale sont en circulation en France. La fraude est une calamité et il faut lutter contre cela mais je ne suis pas sûr que la carte Vitale biométrique soit la bonne réponse à ce problème. » Pierre-Olivier Variot estime également que la mise en place d'une telle innovation serait très difficile sur le plan technique. « Imaginons que l'on doive changer tous les lecteurs de carte Vitale dans toutes les pharmacies, combien est-ce que cela coûterait ? », interroge-t-il. Autre souci qui se profile, comment feraient les personnes âgées dépendantes et les résidents d'Ehpad qui ont besoin qu'un proche se rende pour eux à la pharmacie. « Avec une carte Vitale biométrique, cela deviendrait impossible », redoute le président de l'USPO. Pour lui, la bonne réponse est plutôt à chercher du côté de la e-carte Vitale, déployée cette année dans 8 départements et dont la généralisation est espérée en 2023. « J'espère que cette question de la carte Vitale biométrique ne va pas venir parasiter la mise en place de la e-carte Vitale », appelle de ses vœux Pierre-Olivier Variot.
Au niveau des syndicats de médecins, des voix se sont également élevées suite au vote du Sénat. « C'est de l'affichage politique », considère notamment Agnès Giannotti, présidente de MG France. « La fraude sociale est souvent mise au premier plan alors que l'essentiel du problème n'est pas là, il est dans le ciblage de la pertinence des dépenses de santé. Cela revient toujours à penser que ce sont les pauvres qui font le trou dans les dépenses alors que les grosses dépenses ne sont pas là. Cela va embêter tout le monde avec un gain totalement marginal par rapport aux dépenses de santé », déplore la présidente du premier syndicat de médecins généralistes.
Du côté des associations de patients, le concept de carte Vitale biométrique ne suscite pas non plus l'enthousiasme. Pour Arthur Dauphin, chargé de mission numérique en santé au sein de France Assos Santé, principale fédération de patients, cette mesure « est un serpent de mer et une disposition sensationnaliste qui paraît en décalage avec tous les efforts réalisés depuis le Ségur de la santé (...) pour sécuriser les prises en charge et faire bouger notre modèle ».
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