La loi « Avenir professionnel » du 5 septembre 2018 a réaménagé le financement de la formation professionnelle des salariés et de l’apprentissage. À terme, le recouvrement de la contribution unique sera confié au réseau des URSSAF.
Cette nouvelle configuration sera effective au plus tard en 2021. Pendant une phase de transition, du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2020, la collecte sera assurée par les OPCO (pour opérateurs de compétences), qui remplaceront les actuels OPCA*. À la fin de cette année 2018, les vingt OPCA, dont Actalians pour la pharmacie, seront fusionnés en onze OPCO. Cette forte réduction, presque de moitié, implique un rapprochement et un mélange des professions au sein de ces opérateurs.
« L’enjeu aujourd’hui pour la branche officinale est de se fondre dans le bon OPCO, en se rapprochant de métiers qui ont les mêmes problématiques que les nôtres », indique Philippe Denry, président de la commission des Relations sociales et de la Formation professionnelle de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Le choix de la FSPF se porte ainsi sur l’OPCO des entreprises de proximité, de l’artisanat et des professions libérales.
Entreprises de proximité ou santé ?
Ce n’est pas la préférence de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) qui mise plutôt sur l’OPCO santé. Le syndicat a d’ailleurs lancé un sondage auprès des pharmaciens : environ 1 000 votants ont répondu en plébiscitant l’OPCO santé. « Nous avons un ADN de professionnel de santé. Rejoindre les artisans et les commerçants, c’est envoyer un mauvais message aux autorités de tutelle qui nous observent. À l’heure où l’on essaie de faire évoluer notre mode de rémunération à l’acte, notre appartenance au groupe des métiers de la santé doit être claire », affirme Daniel Burlet, chargé des relations sociales à l’USPO.
Une analyse que la FSPF désapprouve. Derrière la sémantique, il y a d’autres enjeux de fonctionnement. « L’OPCO santé va rassembler les hôpitaux publics, les cliniques privées, y compris les maisons de retraite. Notre culture d’entreprise n’est pas calquée sur ces grandes structures. Nous sommes plus proches des commerces de proximité. Les TPE partagent des spécificités communes », argumente Philippe Denry. Selon lui, la question essentielle à se poser est : « Comment favoriser dans mon entreprise les départs en formation des salariés ? Pour atteindre cet objectif, il ne faut pas se tromper d’OPCO ! »
Ne pas se disperser
L’UNAPL porte le même message et encourage les professions libérales à ne pas se disperser dans différents OPCO. « Il faut éviter un éclatement des professions libérales, insiste Michel Chassang, président de l’UNAPL. Il est crucial de garder notre unité au sein de l’OPCO des entreprises de proximité. Encourager les pharmaciens à rejoindre l’OPCO santé, c’est de la désinformation scandaleuse ! Cet opérateur sera piloté par les métiers de l’hospitalisation privée et publique et ne sera donc pas adapté aux professionnels libéraux de ville. » Autre inconvénient majeur pour le président de l'UNAPL, les professions libérales seront noyées et ne feront pas le poids.
La branche pharmacie devra arbitrer avant la fin de l’année en concrétisant un accord sur ce sujet. À l’issue de la commission paritaire qui s’est tenue le 5 novembre, la FSPF a proposé un accord conventionnel ouvert à signature. « Cela va laisser le temps à l’ensemble des syndicats de salariés de se positionner », explique Philippe Denry. Pour un choix pertinent, « il faut absolument que la pharmacie garde la maîtrise de la formation de ses salariés et apprentis », conclut Michel Chassang.
*Organisme paritaire collecteur agréé.
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