Répondant à l’appel de l’Ordre, de l’URPS et de la FSPF, les pharmaciens de Guadeloupe baisseront leur rideau entre 14 et 18 heures cet après-midi en signe de soutien aux confrères dont les officines ont été pillées et saccagées au cours des derniers jours d’émeute.
C’est un élan de solidarité, à ne pas confondre avec les mouvements sociaux qui perturbent la vie de l’île antillaise depuis plus d'une dizaine de jours. Aujourd'hui, de 14 à 18 heures, les pharmaciens guadeloupéens ferment leur officine. Une manière de témoigner leur soutien à des confrères cibles de saccages, comme Antoine Salomon, titulaire à Morne-à-l’eau, une commune du nord-est de Grande-Terre. Les pilleurs ont dévalisé les rayons, volé les médicaments, avant d’asperger les produits restants de gazole et de s’attaquer au coffre-fort à coups de marteau-piqueur. À Sainte-Rose et à Pointe-à-Pitre, des pharmacies ont également été prises à partie par des émeutiers.
Les professionnels de santé comptent parmi les victimes de cette crise dont le détonateur a été l’obligation vaccinale des soignants. Mais, alors que le gouvernement a accordé un moratoire jusqu’au 31 décembre et quelques assouplissements, comme le recours à des vaccins sans ARNm, les mouvements perdurent et s’intensifient. Ainsi, les collaborateurs des officines ont des difficultés à regagner leur domicile pour peu que leur trajet croise des barreurs de route, quand ils ne sont pas tout simplement rackettés.
Pour éviter une mise en danger de leur personnel et d’eux-mêmes, les titulaires ont restreint les gardes à un service téléphonique en lien avec le 18, afin de garantir la continuité des soins. Seules trois ou quatre pharmacies, sur les 160 que compte l’île, peuvent encore assurer leurs gardes dans les conditions habituelles. « Ces gardes sont basées sur le volontariat », explique Jean-Marc Pirion, président de l’URPS pharmaciens, ajoutant que cette nouvelle organisation requiert un travail de coordination considérable. Mais les officinaux de l’île sont formels : tant que la sécurité ne sera pas garantie, les gardes ne pourront pas reprendre. Ils ont certes obtenu de l’ARS que des vigiles puissent veiller sur les officines. Mais au regard de la violence qui règne, cette mesure est insuffisante, estime Marie-Claude Synesius, présidente du syndicat départemental des pharmaciens de Guadeloupe (FSPF). Elle rappelle que le renfort des forces de l’ordre, demandé par la profession à Olivier Véran, ministre de la Santé, n’a toujours pas été acheminé.
En visite sur l’île hier, Sébastien Lecornu, ministre des outre-mer, a annoncé l’envoi de 70 gendarmes et de 10 membres du GIGN supplémentaires. Pour autant, son séjour s’est soldé par un échec des négociations avec l’intersyndicale et de nombreux élus locaux ont boycotté la rencontre.
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