De vieilles recettes qui ne rapportent rien. Voilà, en résumé, le sentiment des syndicats d’officinaux à la lecture du dernier rapport sur les génériques rédigé par la direction générale du Trésor (voir ci-dessous).
« Une fois de plus, ce rapport oublie d’apprécier la réalité des choses, déplore Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Il ne porte pas sur une vision globale du coût de la dispensation du médicament en France. » Selon lui, ses auteurs n’ont pas tenu compte de l’évolution de la part des dépenses de médicaments dans le budget de la Sécurité sociale. « Aucun autre poste n’a autant baissé, souligne Philippe Gaertner. La part de l’officine a elle-même diminué de 3,4 à 2,6 %, ce qui est considérable. » Et le président de la FSPF de rappeler que si les pouvoirs publics ont pu faire pression sur les prix des spécialités pendant 20 ans sans modifier le mode de rémunération de l’officine, c’est bien parce que les génériques permettaient de compenser. À l'examen des pistes avancées dans ce nouveau rapport, Philippe Gaertner prévient qu’il sera particulièrement vigilant avant d’apposer sa signature en bas de la prochaine convention avec l’assurance-maladie, dont les négociations ont repris au début de la semaine. Car, selon lui, si elles étaient appliquées, les mesures proposées par le Trésor feraient perdre à l’officine trois fois ce que la convention prévoit de lui faire gagner. « Il nous faut des garanties sur la rémunération réglementée qui représente presque 78 % de l’activité officinale », indique Philippe Gaertner.
Fausse bonne idée
Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, juge également étrange que ce rapport soit rendu public au moment de la reprise des négociations avec l’assurance-maladie. D’autant que, selon lui, on y retrouve de vieilles dispositions qui vont à l’encontre de celles nécessaires au développement des génériques. Le TFR à trois ans ? « C’est la mort du générique », affirme Gilles Bonnefond. En effet, à quoi bon s’engager dans la substitution d’une molécule si son prix devient identique à celui du princeps au bout de quelques années ? « C’est la fausse bonne idée distillée par ceux qui ne veulent pas que le générique se développe en France, insiste le président de l’USPO. Le seul moyen de faire entrer le générique de façon durable sur le marché français est justement de maintenir un écart de prix avec le princeps. »
Gilles Bonnefond pointe également l’absence, dans les propositions du Trésor, de mesures en faveur de l’élargissement du répertoire, du développement des génériques inhalés, ou bannissant les techniques de contournements des laboratoires à l’arrivée de génériques sur le marché. « Toutes les mauvaises idées pour empêcher leur développement sont présentes dans le document, tandis que les mesures efficaces n’y figurent pas », regrette Gilles Bonnefond.
Viabilité des génériqueurs
L’association des laboratoires de génériques, le GEMME, se montre plus nuancée, même si elle appelle à la prudence pour que ces propositions ne remettent pas en cause « l’équilibre économique entre les différents acteurs du générique ». Ainsi, rappelle la déléguée générale du GEMME, Catherine Bourrienne-Bautista, les mises sous TFR « sont compliquées pour les pharmaciens qui doivent conserver une part de rémunération pour leur investissement sur le générique ». De plus, elles peuvent être sources d’incompréhension pour le patient s’il n’y a pas de réel différentiel de prix. Quant à l’idée d’aligner le prix du princeps sur le TFR le plus bas des médicaments de même molécule (et non seulement de même groupe générique), le GEMME rappelle que la vigilance sera de mise pour que cette mesure ne bloque pas l’arrivée de nouveaux génériques.
Le GEMME applaudit néanmoins le principe d’une moindre décote pour les génériques coûteux à produire, mesure qu'il avait lui-même imaginée. Il est aussi très satisfait de toutes les mesures « qui favorisent la prescription dans le répertoire, la substitution par le pharmacien et la compréhension par les patients ». De même, il est sensible à l'intention du Trésor de réduire les délais de procédure d’AMM, dont l’obtention prend environ 300 jours en France, alors que la réglementation européenne impose un délai maximal de 180 jours. Pour 2014 et 2015, le GEMME estime que ces délais ont entraîné une perte d’économies d’environ 125 millions d’euros par an. Enfin, l'association se félicite de la prise en compte par le Trésor de la situation économique fragile des génériqueurs. « Le document met en avant l’importance de préserver la viabilité des laboratoires génériques face aux difficultés qu’ils rencontrent », souligne Catherine Bourrienne-Bautista. Une nouvelle approche selon elle car, jusqu'à présent, les différents plans médicaments avaient pesé très lourdement sur le générique, ce qui s'était avéré destructeur à la fois pour les laboratoires et pour les pharmaciens.
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