L’obligation vaccinale, qui ne concerne que les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, doit-elle être maintenue ? Alors que ce concept franco-français est régulièrement remis en cause, l’Académie de médecine vient de proposer une intéressante solution au problème.
Les sages préconisent de faire évoluer la notion d’obligation vaccinale sans la supprimer. En effet, « on ne peut abolir l’obligation vaccinale car cela serait interprété comme l’aveu implicite que les vaccins ont une efficacité et une innocuité discutable », analysent-ils.
Toutefois, il faut voir les choses autrement et plutôt reconsidérer le terme obligatoire, c’est-à-dire « évoluer d’une obligation de principe jusqu’ici invariablement limitée à trois valences vaccinales (diphtérie, tétanos et poliomyélite) vers une exigibilité des preuves de la vaccination (plus large que ces seules trois valences, N.D.L.R.) dans un certain nombre de circonstances de vie : entrée en collectivité (crèche, école, université), dans le cadre de quelques professions (métiers de la santé, militaires) et dans certains cas particuliers (voyageurs, migrants, missions à l’étranger), ou dans un contexte épidémique ». La liste des vaccinations exigibles devrait être révisée chaque année par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) lors de l’édition du nouveau calendrier vaccinal.
Un trio dépassé
En effet, pour les académiciens, l’obligation vaccinale limitée à la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite n’est plus d’actualité. « Les trois maladies ciblées par la vaccination obligatoire ne sont plus à l’avant-scène des risques infectieux encourus par la population française, alors que d’autres maladies infectieuses dont l’impact en santé publique est considérable (coqueluche, hépatite B, rougeole, rubéole, oreillons, infections invasives à méningocoque ou à Hæmophilus influenzae de type b), ne font l’objet que de recommandations vaccinales », précisent-ils.
En outre, le grand public ne peut pas comprendre la politique d’obligation vaccinale française, étant donné que les vaccins disponibles sur le marché pour l’immunisation des enfants sont des formulations combinées qui associent des valences obligatoires et des valences recommandées. Un tel paradoxe rend le calendrier vaccinal à la fois difficile à comprendre par le grand public, difficile à appliquer par les médecins et difficile à justifier par les autorités de santé. Les modifications proposées par l’Académie de Médecine pourraient venir clarifier la situation.
Toutefois, pour être consenties, les évolutions préconisées doivent être précédées d’un programme national d’information de grande ampleur auprès du grand public et des professionnels de santé, avec le soutien actif du ministère de la Santé.
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