Il y a les « retours gagnants » et les retours… plus difficiles. Le retour temporaire de l'ancienne formule du Lévothyrox serait plutôt du second type. Annoncée à la mi-septembre par la ministre de la Santé, la remise à disposition transitoire de l'ancienne formule du médicament thyroïdien ne se passe pas aussi bien que prévu.
Mardi dernier, Guillaume ironisait ainsi sur notre site : « Retour très temporaire de l'Euthyrox, car à ce jour, et après avoir délivré 2 boîtes en 2 jours (dosages différents), il ne restait plus à 16 h 00 que du 125 et du 175 mcg, le reste est en rupture, selon mon grossiste. Juste un petit coup de gueule comme ça… » Cette mauvaise humeur, qui fait le buzz sur les réseaux sociaux grand public comme professionnels, est-elle pour autant justifiée ? Pas à en croire l'ANSM, qui avait prévenu : « l'Euthyrox sera disponible pour une durée et des quantités limitées (130 000 boîtes de 100 comprimés en 8 dosages différents) pour les 22 000 pharmacies de France (NDLR, premier stock libéré le 2 octobre). » L'Agence avait également pris soin de rappeler aux professionnels les conditions sine qua non de la délivrance de l'ancienne formulation : ordonnances rédigées après le 14 septembre et mentionnant impérativement le nom « Euthyrox ».
Des conditions d'accès pas respectées
L'accès à l'ancienne formule est théoriquement réservé aux patients qui ne disposent pas d'autre solution, insiste l'ANSM. Les médecins ne doivent en effet prescrire l'Euthyrox qu'en « dernier recours » aux patients qui se plaignent d'effets secondaires (crampes, maux de tête, vertiges, perte de cheveux) liés à l'utilisation du nouveau Lévothyrox. « Malheureusement, déplorait la semaine dernière Dominique Martin, directeur général de l'ANSM, nous avons des remontées qui montrent que ce n'est pas forcément ce qui se passe. » Ainsi, malgré les 60 000 boîtes supplémentaires acheminées par le Laboratoire Merck en fin de semaine dernière, le sentiment de pénurie semble persister. Pourtant, si l'on se base sur les 9 000 cas annoncés par la ministre de la Santé, les stocks disponibles devraient être plus de 10 fois supérieurs aux besoins théoriques.
Plus qu'une véritable pénurie, ce serait plutôt le retour provisoire de l'ancienne formule qui heurte les patients : « Je n'accepte pas le caractère temporaire de cette remise à disposition », déclare ainsi Chantal L'Hoir, de l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT). Un reproche également formulé par Alain Delgutte, président de la section A de l'Ordre des pharmaciens : « la mise à disposition temporaire de l'Euthyrox équivaut à repousser le problème puisque, tôt ou tard, cette formule sera supprimée. »
Qu'il génère une vraie pénurie ou de simples bousculades, ce retour de l'ancienne formule semble à l'image de l'arrivée de la nouvelle… raté.
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