Le Quotidien du pharmacien. - La dernière assemblée générale de la FSPF présidée par Philippe Gaertner se tenait hier. Vous vous êtes donc positionné pour lui succéder ?
Philippe Besset. - Après avoir beaucoup réfléchi et consulté, j’ai en effet décidé de me présenter à la présidence de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). J’ai attendu cette assemblée générale avant de l’annoncer car je voulais le dire d’abord aux présidents départementaux, en face-à-face. Car, pour moi, la Fédération c’est avant tout ses syndicats départementaux. J’ai également fait part de mes intentions à Philippe Gaertner. Je voudrais d’ailleurs dire ici que je partage intégralement sa vision de l’officine, d’un pharmacien plus professionnel de santé.
Pour vous, la campagne pour briguer la tête de la FSPF commence donc maintenant…
Je vais prendre un peu de champ vis-à-vis de mes responsabilités actuelles au sein de la Fédération - j’en suis le vice-président - pour aller à la rencontre des confrères en région afin de leur présenter le projet, la méthode et l’équipe avec laquelle je souhaite travailler pour les trois années à venir. Celle-ci sera constituée d’ici au mois de mars. Mais sachez d’ores et déjà que mes amis du bureau national actuel me font confiance et je ferai appel à eux pour constituer l’ossature de la prochaine équipe. Plus largement, l’objectif de ce tour de France est de confronter le programme que j’ai préparé aux attentes des confrères afin éventuellement de l’amender. Je veux que mon programme se nourrisse des remontées du terrain, du vécu des confrères.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le contenu de votre programme ?
Je souhaite faire campagne autour du thème « Fédérer pour construire ». Mon projet pour la pharmacie française tourne autour de quatre axes : le pharmacien, un professionnel de santé ; la pharmacie, une entreprise de proximité ; la pharmacie à l’heure du numérique ; comment débloquer la transmission des officines.
En effet, j’entends poursuivre l’action entreprise depuis 10 ans qui consiste à ancrer le pharmacien dans son rôle de professionnel de santé, tout en reconnaissant celui de chef d’entreprise. La Fédération doit s’occuper des deux facettes du métier. C’est d’ailleurs tout l’objet des nouveaux statuts que notre assemblée générale vient de voter et auxquels j’ai beaucoup participé. Quant au numérique, avec la proximité, c’est l’autre chance pour l’officine. La compétence des pharmaciens en la matière est démontrée et reconnue. Mais je pense qu’il faut aller encore plus loin dans le développement des outils numériques et de la e-santé. Si l’on arrive à marier proximité et numérique, la pharmacie française aura son avenir devant elle. Enfin, en ce qui concerne la transmission des officines, elle doit être transgénérationnelle. Il faut faire en sorte que les jeunes pharmaciens aient envie de devenir titulaire et les séniors de céder leur pharmacie. L’objectif est de permettre à la nouvelle génération d’accéder à la fonction de titulaire.
Qu’est-ce qui vous a poussé à être candidat à la présidence de la FSPF ?
Au cours de ma réflexion, j’ai fait mon introspection. Et en fait, j’en ai conclu que la pharmacie, c’est ma vie. C’est ce qui me fait me lever le matin, c’est mon sujet de réflexion permanent, même le week-end, c’est ce que j’aime partager avec mes amis et ma famille. Pour moi, pharmacien d’officine, c’est une vocation. J’ai fait le choix de suivre ce cursus universitaire et d’embrasser cette profession. Je n’ai jamais eu l’idée ou l’envie de faire autre chose.
Dès ma seconde année d’étude, en 1985, j’ai tout de suite adhéré à l’association des étudiants. À cet instant, ma vie de représentation de la pharmacie française a commencé. En effet, dès l’année suivante, je suis devenu membre du bureau de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). Puis j’ai été élu président de la Corpo de la faculté de Toulouse, avant d’être désigné vice-président de l’ANEPF dont le siège était rue Ballu, à Paris, comme celui de la FSPF. Alors que j'avais à peine vingt ans, je suis entré pour la première fois dans la Maison des pharmaciens. C’est ma deuxième maison. Ma première est dans la ville de Limoux, dans l'Aude, dans laquelle je suis titulaire d’une pharmacie depuis le 1er janvier 1994, et où je suis né il y a 51 ans. En fait, j’ai l’âge moyen du titulaire en France. Mais depuis 5 ou 6 ans, je n’arrive pas à rattraper cet âge moyen car il augmente d’année en année… C’est un vrai sujet de préoccupation pour moi.
À quand remonte votre engagement syndical ?
J’étais encore à la faculté quand, avec des amis, nous avons créé la FAGE (1), qui est aujourd’hui le premier syndicat étudiant. J’en ai d’ailleurs été le premier président élu. Au sortir de mes études, à 27 ans, j’ai été candidat à la mairie de Limoux sur une liste d’intérêt municipal. Je n’ai pas remporté l’élection mais j’ai été élu conseiller municipal. Puis la pharmacie m’a rattrapé : des confrères m’ont sollicité pour entrer au bureau du syndicat des pharmaciens de l’Aude. Mais en 2001, après l’élection de Bernard Capdeville à la tête de la Fédération, un certain nombre de présidents départementaux ont décidé de faire scission pour créer l’USPO (2), dont le président du syndicat de l’Aude. Sauf que je n’étais pas d’accord pour quitter la Fédération que je considère être la maison commune. Nous avons donc procédé à un vote, et la quasi-unanimité s’est prononcée pour rester affilié à la FSPF. Dans la foulée, les confrères m’ont proposé de devenir président du syndicat départemental. Mon engagement syndical était lancé. Et puis, il y a 10 ans, Philippe Gaertner m’a proposé de faire partie de son bureau national. Je lui ai dit que je savais m’occuper de tout ce qui a trait à l’organisationnel et aux relations avec l’assurance-maladie. Il m’a confié l’économie ! Alors je me suis investi dans ce dossier qui m’a passionné.
Quelle sera votre méthode pour assurer la défense syndicale des pharmaciens ?
Je veux réactiver le syndicalisme de proximité, car rien ne se passe sans la confiance des confrères de terrain, mais aussi le syndicalisme militant : il ne faut pas avoir peur d’aller dans la rue pour défendre les piliers de l’officine, pour dire « non » à des tâches chronophages et inutiles pour le quotidien des équipes, pour se battre afin d’obtenir des moyens suffisants pour faire fonctionner les officines. Je prône également un syndicalisme ouvert. Nous n’avons aucun adversaire au sein de la profession et je souhaite développer des contacts avec l’Ordre, les coopératives et les groupements de pharmaciens, les partenaires de l’officine, mais aussi avec l’UNPF (3), un syndicat avec lequel nous avons des différences mais qui a des idées intéressantes sur la transmission des officines. Je vais aussi m’employer à réunifier les syndicats départementaux et à les ramener à l’intérieur de la maison commune, la Maison des pharmaciens. Enfin, je veux développer un syndicalisme de services. Et ça, c’est une histoire à inventer. Cela remonte à mes années de faculté où, à la Corpo, on représentait les étudiants au conseil de faculté tout en leur proposant des services tels les polycopiés. C’est cet esprit que je veux recréer. S’ils bénéficient d’un syndicalisme à la fois militant et de services qui leur apportent des outils et des solutions dans la pratique quotidienne, les confrères ne se demanderont plus à quoi sert leur syndicat !
(1) Fédération des associations générales étudiantes.
(2) Union des syndicats de pharmaciens d'officine.
(3) Union nationale des pharmacies de France.
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