L'Association des maires ruraux de France (AMRF) alerte à nouveau sur la dégradation de la situation sanitaire dans les déserts médicaux. Elle publie aujourd'hui une nouvelle étude décrivant un accès aux soins de qualité inférieure en milieu rural à celle de la moyenne des territoires français.
À la fin de l'année dernière, l'AMRF avait déjà publié deux autres études, la première révélant que l'espérance de vie à la campagne se dégradait depuis le début des années 2000 par rapport aux villes, et la seconde montrant que les habitants des régions rurales consommaient 20 % de soins hospitaliers en moins que ceux des villes.
L'étude publiée ce jeudi estime que « dix millions d’habitants vivent dans un territoire où l’accès aux soins est de qualité inférieure à celle de la moyenne des territoires français ». Réalisée par le Pr Emmanuel Vigneron, professeur des universités à Montpellier et spécialiste de l'approche territoriale de la santé, le document souligne que la densité de médecins pour 1 000 habitants, toutes catégories de médecins confondues, « est systématiquement inférieure à la campagne par rapport aux territoires hyperurbains ». Le nombre de spécialistes est même deux fois moins important dans les départements hyperruraux.
Une tendance qui s'est accentuée au fil de ces dernières années. L'étude souligne que le nombre de cantons dépourvus de médecins est passé de 91 en 2010 à 148 en 2017, soit une augmentation de 62 %. La densité médicale a d'ailleurs baissé de plus d'un tiers dans 30 % de l'ensemble des cantons pendant la même période.
« On court à la catastrophe », alerte Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l'Association des maires ruraux de France. À ses yeux, « cette difficulté d'accès aux soins est insoutenable. J'ai du mal à imaginer comment notre société va absorber cette profonde injustice ». La profession médicale est clairement pointée du doigt : rien n'explique à ses yeux que « pour 1 000 habitants, il y ait moins de médecins en milieu rural qu'en ville. Il n'y a pas moins d'enseignants ou de pharmaciens », constate-t-il.
De fait, les jeunes médecins sont beaucoup plus nombreux en ville et le corps médical rural vieillit : « plus de la moitié des médecins y exerçant sont âgés de plus de 55 ans et un bon nombre a déjà largement dépassé les 70 », rappelle Dominique Dhumeaux.
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