Nul ne sait si ce rapport sénatorial deviendra un jour une proposition de loi mais il démontre la volonté des parlementaires de confier aux pharmaciens de plus en plus de responsabilités. Une volonté qui s’explique d’abord par ces chiffres : 2 500 médecins généralistes en moins depuis 2022 (sous la barre des 100 000 au niveau national) et près de 7 millions de Français sans médecin traitant. Le pire est encore à venir avec une baisse du nombre de praticiens qui va se prolonger jusqu’en 2028. De plus en plus de patients renoncent à se soigner, tout particulièrement dans les zones sous-denses. Pour tenter d’y remédier, Bruno Rojouan, rapporteur de ce rapport et sénateur (LR) de l’Allier a présenté plusieurs propositions. Certaines concernent directement les officinaux. Les sénateurs préconisent notamment de « mieux cibler le remboursement de la téléconsultation » en réservant sa prise en charge aux soins non programmés avec un médecin mais seulement si la consultation à distance est réalisée « avec l’assistance d’un autre professionnel de santé ». Pour Bruno Rojouan, la pharmacie est en effet le lieu le plus adapté pour accueillir ces cabines. Pas toutes les officines cependant mais bien celles situées dans des zones sous-denses. « Aujourd’hui, nous constations que les patients qui ont le plus souvent recours à la télémédecine vivent dans des milieux urbains, où le nombre de médecins est suffisant. Ce n’est pas à ce public que ce service est destiné », soutient-il. Le parlementaire avance donc une proposition qui favoriserait à la fois un meilleur usage de la télémédecine en plus d’être un moyen de soutenir les pharmacies rurales : « Mieux calibrer les aides à l’installation et au fonctionnement des cabines de téléconsultation en les limitant aux seules pharmacies situées dans des zones médicalement sous-dotées moyennant une revalorisation (pour le pharmacien), en contrepartie. »
Aller plus loin sur la délégation de compétences
L’accélération sur la délégation de tâches aux autres professions de santé est l’autre priorité définie par ce rapport pour ce qui concerne les officinaux. L’une des propositions du texte recommande ainsi « d’adopter le plus rapidement possible une “ loi pharmacien “ qui élargisse le cadre de leurs compétences ». Comme le souligne Bruno Rojouan « il faut maintenant aller plus loin dans ce domaine, notamment en permettant aux pharmaciens de prendre en charge des maux du quotidien comme les plaies simples ou les conjonctivites », sur le modèle de ce qui a été fait dans le cadre de l’expérimentation OsyS.
Parmi les 30 pistes évoquées dans le rapport, l’une concerne enfin les études avec l’idée d’ouvrir « une voie directe post-baccalauréat pour les études de pharmacie », piste déjà soutenue par la Conférence des doyens de pharmacie.
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