L’assurance-maladie a annoncé vouloir mettre en place un compteur sur le site « amelipro » qui permettrait aux pharmaciens d’avoir accès aux données de remboursement des patients concernant plusieurs médicaments et produits de santé. Seraient notamment concernés, les bandelettes de glycémie, certains anticancéreux ou encore le Subutex.
Pour les syndicats de pharmaciens, les négociations conventionnelles en cours avec l’assurance-maladie ont un objectif principal : réformer la rémunération du pharmacien, notamment pour permettre aux officines les plus vulnérables de continuer à exister. Un sujet sur lequel les représentants de la profession restent pour l’instant sur leur faim. De son côté l’assurance-maladie a érigé la lutte contre la fraude et le bon usage du médicament en priorité. C’est dans cet objectif qu’elle a notamment annoncé que le dispositif ASAFO, outil en ligne qui référence des fausses ordonnances et permet aussi aux pharmaciens de les signaler, serait accessible à tous les officinaux dès le 12 juin.
Lors du groupe de travail du 30 avril, la CNAM a également exposé une autre idée pour favoriser le bon usage et lutter contre la fraude : la mise en place d’un compteur en ligne, sur le site « amelipro » qui donnerait accès aux données de remboursement des patients sur certaines références pour lesquels des abus sont parfois constatés. « Il y aurait deux usages, précise Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Le premier serait réglementaire et concernerait des produits comme les bandelettes de glycémie, dont le nombre est limité à 200 par patient et par an. Le second usage, lui, serait indicatif. Il permettrait aux pharmaciens de se réassurer en cas de doute sur des prescriptions concernant des médicaments comme le Subutex ou certains anticancéreux. Cela permettrait de vérifier le niveau de consommation du patient au-delà de ce que permet aujourd’hui le dossier pharmaceutique (DP), car ceux qui fraudent s’opposent généralement à ce que leur DP soit alimenté ». Aucune date de mise en œuvre de ce projet n’a encore été annoncée par la CNAM. S’il se concrétise, il pourrait potentiellement être étendu à d’autres médicaments et produits de santé. « Ce qui est un peu problématique est que cet outil serait accessible via amelipro et donc pas intégré à nos logiciels métier. Cela rend son utilisation un peu plus complexe », observe Philippe Besset. Lors de cet échange avec les syndicats, la CNAM a par ailleurs précisé qu’elle était favorable, sur le papier, à la délivrance du Tramadol via une ordonnance sécurisée. Problème : « La CNAM nous a aussi expliqué que ce serait compliqué de le faire sur le plan réglementaire et que, de toute façon, cela ne dépendait pas du champ conventionnel », ajoute Philippe Besset.
De leur côté, les représentants de la profession ont également fait part d’autres demandes, notamment la révision de la liste des médicaments d’exception. « Il faut retirer ceux dont le prix a considérablement baissé, comme c’est le cas par exemple de Zophren. À l’inverse, d’autres références ne figurent pas dans cette liste, notamment des anticancéreux, alors que tout justifie qu’ils y soient », estime le président de la FSPF. Ce dernier a également demandé davantage de simplicité concernant la dispensation adaptée. « Nous sommes en faveur d’un paiement à l’acte dans ce domaine, les pharmaciens ont besoin d’un système simple ». Cap désormais sur la plénière du 14 mai, un rendez-vous crucial qui, en cas de déception, pourrait conduire les pharmaciens à mettre leur menace de grève à exécution.
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