L’absence de livraisons de vaccins aux médecins est le prétexte pour raviver l’animosité des syndicats de praticiens envers les pharmaciens.
Les médecins ne recevront pas de vaccins cette semaine, le nombre de doses disponibles ne permettant pas de couvrir les besoins des cabinets. Les 67 000 doses livrées cette semaine seront affectées en urgence aux 6 756 pharmacies des 18 départements les plus touchés par la progression de l’épidémie.
Ce message adressé dimanche par la Direction générale de la santé (DGS) aux professionnels de santé a suffi pour déterrer la hache de guerre du côté des syndicats de médecins opposés à la vaccination à l’officine. Le syndicat des médecins libéraux (SML) est même allé jusqu’à accuser le ministère de céder « au caprice » des pharmaciens. Pour rappel, le 3 mars, seulement 24 % des doses de vaccins AstraZeneca reçues avaient été administrées aux Français !
Cependant, Jérôme Salomon, directeur général de la santé, dont le SML et MG France (généralistes) ont réclamé la démission, ne s’est pas départi de son calme, voyant même « dans cette réaction épidermique de (ses) confrères comme un signe d'engagement, d'énergie pour la vaccination »… Dans un communiqué diffusé hier, la DGS a remis les chiffres à plat : au total plus d’1,6 millions de doses du vaccin AstraZeneca auront été livrées aux médecins ayant passé des commandes, pour la vaccination de leurs patients éligibles. « L’ensemble de ces commandes sera évidemment honoré pour garantir la vaccination du plus grand nombre », promet la DGS. De plus, les commandes pour les médecins devraient reprendre la semaine prochaine.
Car il ne faut pas se tromper d’ennemis. Dans cette crise sanitaire, où le vaccin représente la seule issue possible, la mobilisation doit être générale. Sur le terrain, les professionnels s’emploient à calmer le jeu, rappelant aux médecins les véritables enjeux de la bataille. La Fédération des CPTS rappelle ainsi l’importance du travail pluriprofessionnel. Et s’ils apportent leur « plein et entier soutien aux professionnels mis devant le fait accompli de cette décision », les signataires, dont le pharmacien Jean-Philippe Brégère, soulignent que « les pharmaciens n’ont pas à devenir les boucs émissaires de décisions incohérentes prises au niveau national ». C’est également la teneur du message de l’URPS Pharmaciens des Hauts-de-France. « Les pharmaciens sont attaqués injustement pour dire qu’ils captent les doses des médecins. Je comprends le désarroi de mes amis médecins et je le partage ; mais nous ne sommes en rien responsables de cette situation », se défend son président Grégory Tempremant. Il pointe du doigt la décision de la DGS, à l’origine de ces tensions, « sur un sujet qui devrait nous fédérer ».
Enfin l'Académie de Pharmacie a pris la parole pour mettre cette polémique au compte d'un « malheureux concours de circonstances ». Elle explique ainsi que l'ouverture de la vaccination en officine pour la semaine du 15 mars, au moment où justement le laboratoire AstraZeneca « ne peut cette semaine livrer que 280 000 doses en tout, soit 28 000 flacons pour 18 000 officines…, ne permet pas d’assurer en même temps une livraison aux médecins ». L'Académie de Pharmacie rappelle par ailleurs, que les médecins qui ont passé commande la semaine dernière peuvent récupérer chez les pharmaciens jusqu'à trois flacons pour assurer leurs rendez-vous.
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