Depuis de longues semaines, Philippe Besset et Jacques Battistoni militent pour que la campagne de vaccination contre le Covid passe par leur lieu d'exercice respectif. Les pharmaciens, s'ils doivent être autorisés à vacciner eux-mêmes courant mars, attendent encore d'avoir une date précise. Près de 30 000 médecins ont, eux, pu vacciner pour la première fois leurs patients le 25 février, un nombre jugé bien faible par de nombreux pharmaciens.
« Il faut vérifier l'éligibilité des patients puis les contacter par téléphone si on ne peut les recruter pendant une consultation. Ce n'est pas simple et c'est justement l'un des freins qui explique pourquoi le taux de médecin participant à la première semaine n'a pas été plus élevé », explique le président de MG France. Les réticences de certains médecins envers le vaccin d'AstraZeneca, dont les effets secondaires ont été largement évoqués dans les médias ces derniers jours, ont peut-être également dissuadé quelques médecins de se lancer pour l'instant, analyse Jacques Battistoni (voir page 2). Philippe Besset, lui, ne souhaite pas alimenter la polémique est estime au contraire que le nombre de médecins qui ont sollicité leur pharmacien dès la première semaine est plutôt « encourageant ». Le président de la FSPF reproche à surtout au gouvernement d'avoir prévenu trop tard les professionnels de santé. « Il nous a laissé trois jours pour nous organiser. On aurait pu anticiper si on avait été prévenu plus tôt », regrette-t-il. Jacques Battistoni partage cette critique. « Vacciner ce n'est que l'acte final. Avant cela, il y a un travail à mener pour convaincre le patient », veut-il souligner.
« Les prises de position de certains syndicats ne reflètent pas la réalité »
Si officinaux et généralistes sont donc appelés à travailler main dans la main pour la mise en route de cette nouvelle étape de la campagne, ils ont dû le faire dans un climat relativement délétère. En cause, les communiqués cinglants de certains syndicats de médecins s'offusquant que les pharmaciens puissent vacciner contre le Covid. « MG France n'est pas opposé à la vaccination contre le Covid par le pharmacien, tient à préciser Jacques Battistoni. Sur le terrain, les relations sont bonnes, médecins et pharmaciens ont l'habitude de travailler ensemble. Les prises de position de certains syndicats ne reflètent pas la réalité, déplore le président de MG France. Cependant, il est logique que l'on soit les premiers à le faire, si l'on vaccine selon les critères de priorisation et que, dans le même temps, les pharmaciens vaccinent larga manu, ça ne va pas le faire. Il faut qu'on vaccine ensemble mais avec les mêmes armes », affirme-t-il néanmoins.
« Priorisation, ça ne veut pas dire interdiction de faire avec le reste »
La date à laquelle les officinaux pourront commencer à vacciner les patients constitue d'ailleurs le principal point de désaccord entre les deux responsables. « Je veux que l'on y soit autorisé le plus tôt possible, réaffirme Philippe Besset. Je suis totalement en phase avec les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la priorisation, mais ce qui m'agace c'est que 260 000 doses sont restées chez SPF la première semaine, alors que nous aurions pu nous en servir pour vacciner des personnes âgées de 50 à 64 ans sans comorbidités. Les pharmaciens auraient respecté la priorisation, mais priorisation ça ne veut pas dire interdiction de faire avec le reste », souligne le président de la FSPF.
Pour Jacques Battistoni, augmenter le nombre de vaccinateurs potentiels demande tout de même réflexion, alors que les doses ont toujours tendance à manquer. Ce problème n'est toutefois pas en passe d'être réglé tout de suite, au grand dam de Philippe Besset. « Les autorités sanitaires ne savent pas combien de doses seront reçues par jour en mars, cela m'inquiète. Cette méconnaissance du calendrier des livraisons pose un vrai problème. »
« Pas de consultation avant d'être vacciné en pharmacie »
Preuve d'une certaine confiance envers les officinaux, Jacques Battistoni ne voit pas l'intérêt de demander aux patients d'aller voir leur médecin avant d'être vaccinés en pharmacie. « Non, ce n'est pas du tout indispensable, je ne réclamerai pas de consultation préalable. On ne le fait pas non plus pour la grippe », rappelle-t-il. S'appuyant sur un sondage réalisé par son syndicat, Le président de la FSPF estime que plus de 80 % des pharmaciens sont prêts à vacciner contre le Covid, environ la même proportion que pour la vaccination contre la grippe. « Nous savons comment gérer un choc anaphylactique. Après avoir reçu son vaccin contre le Covid, le patient restera sous surveillance dans l'officine. Nous avons l'habitude d'orienter des patients vers le médecin si besoin. Les femmes enceintes, par exemple, ne seront pas vaccinées en pharmacie, nous les redirigerons vers un cabinet médical », explique Philippe Besset.
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