Les sociétés savantes de pédiatrie et d'infectiologie s'inquiètent d'une crise majeure de santé publique dans un avenir proche, encore pire que la bronchiolite, en raison du manque de plusieurs antibiotiques, dont l'amoxicilline.
Dans un communiqué commun, la Société française de pédiatrie (SFP), la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) et l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) s'alarment de la rupture quasi complète de nombreuses spécialités, dont l'amoxicilline, notamment sous ses formes pédiatriques. Elles affirment que l'état des stocks des alternatives aux formes pédiatriques d’amoxicilline ne permettra pas de tenir « au-delà de quelques semaines ». Une situation gravissime qui pourrait déboucher, selon ces sociétés savantes, sur une « crise de santé publique », qui pourrait représenter, en termes de morbi-mortalité, un risque « supérieur à celui de l’épidémie de bronchiolite ».
Les enfants ne sont pas les seuls à être menacés. Car les ruptures des formes pédiatriques vont entraîner un report sur les formes adultes, risquant de créer une pénurie de ces dernières ainsi que de leurs alternatives. Un risque qui serait présent pour « la majorité des molécules couramment utilisées ».
Les pédiatres et infectiologies jugent insuffisantes les mesures prises par les autorités, qui ont notamment limité la quantité d'amoxicilline que les pharmaciens peuvent distribuer à chaque patient.
Ils préconisent une « restriction drastique » de la prescription d'amoxicilline, si besoin en imposant directement des contraintes aux médecins, quitte à ce que le diagnostic soit indiqué sur les ordonnances, et au déconditionnement des présentations par les pharmaciens. « Il sera probablement nécessaire de revoir un grand nombre de recommandations et de les faire appliquer de façon plus contraignante », précisent-ils.
Les sociétés savantes pointent la surconsommation d'antibiotiques en France, en particulier comparé aux pays du Nord. « Si l’on compare notre consommation d’antibiotiques avec celle de l’Europe du Nord, nous ne pouvons que constater qu’au moins la moitié des prescriptions en France, tant chez l’adulte que chez l’enfant, sont médicalement non justifiées », constatent-elles.
Pédiatres et infectiologues considèrent comme indispensable la mise en place d’une cellule de crise ou d’un conseil scientifique auprès du ministère de la Santé dans les plus brefs délais.
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