Les préconisations édictées par l’Académie nationale de médecine dans son rapport sur les anticancéreux visent l’État, les autorités sanitaires, l’industrie pharmaceutique et les prescripteurs. Si l’officine n’est pas l’objet du rapport, les pharmaciens sont néanmoins cités pour leur « vigilance » quant aux prescriptions hors AMM.
Selon les derniers chiffres publiés par l’Institut national du cancer (INCa), les dépenses en cancérologie en France se répartissent principalement entre l’hôpital (6,3 milliards d’euros), la liste en sus (3,8 milliards d’euros) et l’officine (3,45 milliards d’euros). Preuve, s’il en était besoin, que les nombreuses sorties de la réserve hospitalière ont fait du pharmacien de ville un interlocuteur essentiel pour les malades du cancer. C’est l’une des raisons qui a poussé à l’expérimentation nationale article 51 dite Oncolink, entre la ville et l’hôpital. « Il existe aujourd’hui une soixantaine d’anticancéreux oraux dispensés en officine, correspondant à 1,73 milliard d’euros de dépenses de l’assurance-maladie en 2016, soit presque 10 % des dépenses relatives aux médicaments délivrés en ville », peut-on lire dans le cahier des charges de l’expérimentation.
L’Académie de médecine appelle les oncologues à prescrire les anticancéreux onéreux strictement dans les indications de l’AMM, et recommande de renforcer le contrôle de la prescription en recourant à la fois « aux réunions de concertation pluridisciplinaire, lesquelles sont obligatoires » et à « la surveillance du pharmacien ». Le cardiologue et pharmacologue Yves Juillet, qui a participé à l’élaboration du rapport de l’Académie de médecine dont il est membre, explique : « Lorsque la prescription d’un anticancéreux ne semble pas être dans les indications de l’AMM, c’est le rôle du pharmacien de contacter le médecin pour s’assurer que c’est bien la prescription qu’il souhaitait et non une erreur. Et si ce n’est pas une erreur, c’est aussi son rôle de rappeler au prescripteur que c’est du "hors AMM" et que sa prescription doit être faite dans le cadre d’une concertation pluridisciplinaire à laquelle peut participer le pharmacien hospitalier. »
Une intervention qui est loin d’être aisée, convient Yves Juillet. Plus généralement, il rappelle le « rôle de sentinelle du pharmacien » pour toute délivrance de médicaments à un patient atteint d’un cancer. D’une part, les anticancéreux par voie orale entraînent « des effets indésirables fréquents et parfois graves » que le pharmacien doit prévenir et notifier. D’autre part, un patient sous anticancéreux peut avoir besoin d’autres médicaments – en lien avec les effets secondaires de son traitement ou pour une tout autre pathologie comme un état grippal – et le conseil du pharmacien devient essentiel pour éviter tout risque d’interaction et assurer une prise en charge optimale.
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