Autotests supervisés

Une valse en trois temps

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Publié le 04/01/2022
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Lancés début août, ils seront restés confidentiels jusqu'à leur suppression à la mi-octobre. Puis, leur retour inattendu sur décision du Conseil d'État les a mis dans la lumière. Si les autotests supervisés n'ont pas soulevé beaucoup d'enthousiasme chez les pharmaciens, ils auront néanmoins beaucoup fait parler d'eux.

Au cœur de l'été, le passe sanitaire est généralisé suite aux annonces du président de la République. Pour faire face à l'afflux de demandes en tests venant de patients non vaccinés ou ne disposant pas encore d'un schéma vaccinal complet, un nouvel outil vient compléter l'arsenal du dépistage : l'autotest supervisé.

Un dispositif qui donne accès au passe sanitaire en cas de résultat négatif et qui aurait pu permettre aux officinaux d'écouler un produit dont les ventes n'ont jamais décollé depuis leur arrivée au comptoir en avril. Las, l'autotest supervisé ne va jamais réussir à s'imposer. Alors qu'entre 3 et 5 millions de tests antigéniques sont réalisés chaque semaine en officine au plus fort de la demande, le nombre d'autotests supervisés hebdomadaire, lui, dépasse péniblement les 100 000 actes, au mieux.

Le Conseil d'État déjuge le ministère

Soucieux de faire des économies, alors que le coût du dépistage pèse lourdement sur le budget de la Sécurité sociale, le gouvernement met fin au remboursement systématique des tests Covid le 15 octobre. À cette date, il retire également les autotests supervisés de la liste des tests pouvant donner accès au passe sanitaire. Alors qu'on les pense disparus pour de bon, les autotests supervisés ne vont jamais autant faire parler d'eux. Contre toute attente, le Conseil d'État décide en effet de réintroduire le dispositif, infligeant un camouflet au ministère de la Santé. Lequel ne se précipitera pas ensuite pour communiquer l'information aux professionnels de santé. Pendant plusieurs jours, les pharmaciens sont maintenus dans le flou. Dans l'incapacité d'enregistrer les résultats sur SI-DEP, qui ne sera reconfiguré qu'une dizaine de jours après la décision du Conseil d'État, ils sont sollicités par des patients qui, eux, ne sont pas passés à côté de l'information. Après plusieurs jours de confusion, un arrêté daté du 11 novembre va entériner le retour en grâce de l'autotest supervisé. S'il n'est toujours accessible qu'aux personnes asymptomatiques et qui ne sont pas cas contact, il peut désormais être proposé aux mineurs, ce qui n'était pas le cas avant le 15 octobre. Brièvement retiré de la circulation, l'autotest supervisé pourrait bien maintenant rester en place jusqu'à la fin de l'état d'urgence sanitaire.

P. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien