LE COUP D’ENVOI de la grande campagne de vaccination contre le virus A(H1N1) sera officiellement donné la semaine prochaine, le 12 novembre. Mais face à l’accélération de la propagation du virus, Roselyne Bachelot a décidé de l’engager dès le 2 novembre, sans attendre l’ouverture des 1 080 centres de vaccination spécialement créés pour l’occasion.
Depuis lundi, les médecins, les sages-femmes et les infirmiers libéraux du secteur ambulatoire, ont donc la possibilité de se faire vacciner, s’ils le souhaitent, au sein des établissements hospitaliers sièges de SAMU ou disposant d’une consultation « grippe ». « Ceux qui ne se seront pas vaccinés durant cette période resteront prioritaires comme prévu, à l’ouverture des centres de vaccination, qui aura lieu le 12 novembre », précise le ministère.
Mais la question qui se pose actuellement est la suivante : l’appel de la ministre aura-t-il un écho ? Les professionnels de santé montrent en effet peu d’entrain à se faire vacciner contre la grippe A(H1N1). L’opération menée depuis la fin octobre dans les hôpitaux n’a concerné, après une semaine, qu’environ 2 400 personnes. Pas sûr que les professionnels libéraux soient plus motivés que leurs confrères hospitaliers. Selon différentes enquêtes réalisées ces deux derniers mois sur notre site internet Quotipharm.com, près de 65 % des pharmaciens déclarent ainsi ne pas avoir l’intention de se faire vacciner contre la grippe A. Ils n’ont pas non plus particulièrement l’intention de le recommander à leurs patients : un pharmacien sur deux affirme en effet qu’il ne conseillera pas la vaccination à ses clients.
Les centres de vaccination dispersés dans toute la France pourraient donc être quelque peu désertés. La ministre de la Santé dispose toutefois d’encore quelques jours pour tenter de convaincre les professionnels de santé et la population de l’intérêt d’une telle vaccination. « Nous, qui ne pouvons que constater les bénéfices que nous avons tirés de la politique vaccinale, n’oublions pas qu’elle repose sur la confiance, sans cesse renouvelée, entre un médecin, son patient et le produit qui va le guérir ou le protéger », a souligné Roselyne Bachelot lors de la clôture de la Semaine de dialogue sur le médicament organisée par le LEEM* (« le Quotidien » du 29 octobre).
Sur son site Internet, le ministère rappelle que « cette vaccination n’est pas obligatoire mais qu’elle permet de se protéger soi-même en acquérant une immunité durable face au virus et de contribuer à la protection de son entourage, de ses proches, de ses collègues, en évitant de les contaminer. Elle représente enfin le moyen le plus efficace pour interrompre la circulation virale dans une population au niveau d’immunité très faible et ainsi limiter l’épidémie ».
La tâche de Roselyne Bachelot s’est encore compliquée ces derniers jours. Car, au-delà des suspicions sur les vaccins, et en particulier sur les adjuvants utilisés, la ministre est confrontée à une série de polémiques. Parmi elles, celle liée aux contrats de commande des 94 millions de doses passés auprès de différents laboratoires. Un article de l’hebdomadaire « Le Point », émettant des doutes sur les conditions d’acquisitions des vaccins par la France, a mis le feu au poudre. Et la polémique a pris de l’ampleur après que le député PS Gérard Bapt, également rapporteur spécial du budget de la Sécurité sociale, n’a pu se voir remettre lesdits documents quand il l’a demandé. Aux accusations de manque de transparence du gouvernement sur l’achat de ces doses, s’ajoutent des accusations de « liaisons dangereuses » entre les firmes pharmaceutiques et les experts, pointées notamment par le journal « le Parisien ».
C’est donc dans la confusion générale que la ministre de la Santé s’apprête à lancer sa grande campagne nationale de vaccination, dont l’objectif premier reste de protéger la population. La ministre a sept jours pour lever ses ambiguïtés.
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