C’EST EN 1994 que les douleurs neuropathiques ont été définies comme une douleur initiée ou causée par une lésion primitive ou un dysfonctionnement du système nerveux. En vingt ans, la découverte de molécules innovantes (gabapentine, prégabaline) et l’explosion de travaux cliniques et précliniques ont permis d’accroître l’intérêt pour cette pathologie longtemps considérée comme marginale car il n’existe pas de biomarqueurs de la douleur mais uniquement des signes cliniques. Aujourd’hui, on considère les douleurs neuropathiques comme une pathologie à part entière ; près de 7 % des Français en souffrent. Les professionnels de santé peuvent les diagnostiquer, les évaluer et les traiter, cependant elles demeurent souvent méconnues, sous-estimées et sous-diagnostiquées.
Le Pr Didier Bouhassira, président de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), estime qu’il faut continuer à mieux identifier ces douleurs. « Il existe d’importantes perspectives d’amélioration dans la prise en charge et le parcours de soin des patients qui en sont atteints, notamment à travers la relation entre le patient et les acteurs de soins, médecins comme pharmaciens. L’observance demeure un frein pour les malades et le rôle du pharmacien est primordial pour les informer et les conseiller. » En effet, les traitements de première intention sont différents de ceux des douleurs inflammatoires. La prescription fait référence aux antidépresseurs ou aux antiépileptiques qui véhiculent des images fortes négatives pouvant inquiéter les patients douloureux chroniques. La notice d’un traitement comme Lyrica, indiqué également dans l’épilepsie, peut être incompréhensible et susciter un refus du traitement.
Lors de la délivrance, le pharmacien a donc un rôle central d’éducation pour calmer les peurs ou les appréhensions des patients. Ses explications sur les mécanismes d’action du médicament, sur son bon usage dans ce type de douleur, permettent d’assurer une meilleure observance et une utilisation sur le long terme conforme à la prescription. Le pharmacien peut également mettre en garde un patient pratiquant une surconsommation de morphiniques, ces médicaments ne lui apporteront pas le soulagement espéré. Les traitements antidouleurs neuropathiques ne s’appuient pas sur les paliers de l’OMS.
Des outils d’évaluation performants
Dans cette perspective, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), la SFETD et Pfizer viennent de lancer une étude observationnelle Tempo, pour évaluer les bénéfices de l’accompagnement du pharmacien sur l’observance et la prise en charge via la réalisation d’entretiens pharmaceutiques. Pour le Pr Serge Perrot vice-président de la SFETD. « Tempo est très importante car nous sommes actuellement dans une phase de changement dans notre relation avec les patients. Nous souhaitons un patient plus informé, qui participe de plus en plus à la décision, notamment dans les maladies chroniques. Le pharmacien a deux rôles : celui de dépistage et de l’orientation, et celui du conseil qui devient de plus en plus sophistiqué et ne se limite plus à une simple information. »
Les symptômes des douleurs neuropathiques sont très spécifiques et leur impact physiologique et psychologique sont importants. Un véritable tournant a eu lieu dans leur prise en charge au moment où les études ont permis de mieux comprendre et de développer des questionnaires d’aide au diagnostic qui accordent une grande importance aux symptômes rapportés par le patient. L’implication des pharmaciens dans la prévention et le dépistage prend une nouvelle dimension avec la mise à disposition de ces différents outils validés pour rechercher et estimer la probabilité d’une douleur neuropathique. Le questionnaire DN4 est l’un des outils de référence dans ce domaine. Le pharmacien peut proposer à son patient la partie interrogatoire du DN4 portant sur les caractéristiques de la douleur (brûlure, sensation de froid, décharges électriques) et ou le(s) symptômes(s) associé(s) (fourmillements, picotements, engourdissements, démangeaisons). Si le score est égal ou supérieur à 3/7 le test est positif. L’objectif étant l’orientation du patient vers le médecin et une collaboration médecin/pharmacien pour une prise en charge optimale.
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