Installé à Bordeaux, François Couchouron a décidé de ne plus proposer de médicaments à base de pseudoéphédrine dans son rayon conseil (« le Quotidien » du 12 janvier).
Mettant en avant un risque pour la santé publique, il explique : « Nous ne pouvons pas laisser des personnes âgées, des personnes polymédiquées, particulièrement quand nous connaissons leurs antécédents coronariens, et même des patients jeunes et en bonne santé, traiter un rhume avec de la pseudoéphédrine. » Toutefois, précise-t-il, « il n’est bien entendu pas question de refuser ces produits s’ils sont prescrits ».
La démarche du pharmacien bordelais est saluée par certains de ses confrères. Tels que Pascal, « 100 % d’accord avec lui », ou Marion, pour qui « on doit faire notre boulot de professionnels de santé ». « Bravo à François Coucheron, approuve Isabelle. Je ferais de même si j'étais titulaire. C'est tellement insensé de refuser un Rhinofluimucil et de vendre un Actifed ! Il y a plein d'autres façons de soigner un rhume. » Le titulaire de Bordeaux est également félicité par G2904 pour faire « passer la santé de ses patients avant son intérêt commercial en jouant pleinement son rôle de conseil », ou encore par Catherine qui pense qu’il « devrait en être de même avec les AINS » compte tenu de « toutes leurs contre-indications et précautions d’emploi ».
Poser les bonnes questions
D’autres, en revanche, jugent l’initiative « ridicule ». « Il m'arrive régulièrement de refuser de délivrer ces médicaments en posant les bonnes questions ou en connaissant l'historique médicamenteux du patient, c'est notre rôle, souligne Frédéric. Un médicament est dangereux et c'est pour ça qu'il y a des pharmaciens ! » Avis partagé par Ahmed : « Le médicament n'est pas un bonbon, n'est pas anodin. S'il n'y avait aucun danger, pourquoi ne pas les vendre sur les marchés. » Pour lui, mieux vaut « faire son travail de conseiller derrière son comptoir » plutôt que « d'angoisser les gens par une affiche ridicule ». « On doit laisser le choix au client, à lui de voir, en étant bien informé (conseils, notices…) », affirme le Dr Gnon, qui considère que le pharmacien n’a pas à se mêler des autorisations de mise sur le marché.
Pharma grognon reproche pour sa part au titulaire bordelais de délivrer « sans sourciller » lorsque le produit est prescrit. « Je ne conteste pas les mises en garde concernant cette molécule, mais il faut être cohérent, explique Pharma grognon. Soit il faut refuser, y compris sur prescription en motivant son refus auprès du prescripteur, soit l'on considère que le prescripteur a exclu tous les risques liés à la prise de ce produit et que la prise est sans danger… Et alors ? Cela signifierait-il que le pharmacien ne peut pas juger par un questionnaire adéquat de l'opportunité de prendre ou non cette molécule alors que le médecin peut le faire ? Le pharmacien à qui l'on voudrait confier de nouvelles missions, que l'on voudrait prescripteur et qui ne sait pas discerner s’il peut ou non donner telle ou telle molécule ? » Christophe n’est pas non plus tendre avec notre confrère bordelais. « On est quand même capable de juger si oui ou non on peut donner ce médicament, insiste-t-il. Encore une fois, le pharmacien se rabaisse devant le médecin tout-puissant. » Que l'on soit d'accord ou pas avec elle, la démarche de François Couchouron ne laisse pas indifférent.
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